[07/10/2007 15:11:10] SAN JOSE (AFP) Les Costariciens ont commencé à voter dimanche, lors du premier référendum de leur histoire, pour décider si leur pays doit adhérer à un traité de libre-échange avec les Etats-Unis et le reste de l’Amérique centrale, les sondages donnant l’avantage au “non”. Le scrutin, où sont convoqués 2,6 millions d’électeurs, doit durer douze heures. La proclamation des premiers résultats est prévue vers 20H30 locales (02H30 GMT), selon le service de presse du Tribunal suprême des élections. Le pari est risqué et une victoire du “non” serait un camouflet pour le président Oscar Arias et indirectement pour Washington. Les deux derniers sondages de la campagne, publiés mercredi, plaçaient le “non” en tête, avec respectivement 55% et 50,8% des suffrages. Le traité est déjà entré en vigueur dans quatre autres pays d’Amérique centrale (Guatemala, Salvador, Honduras et Nicaragua) et en République dominicaine, où il a été approuvé par les parlementaires. Le Costa Rica qui l’a signé en 2004 est le seul pays à consulter sa population pour le faire ratifier. Etant donné l’opposition au projet, le président Oscar Arias s’est vu contraint de convoquer un référendum, après sa courte victoire lors de la présidentielle il y a un an et demi, face au porte-drapeau de l’opposition au traité, l’économiste de centre-gauche Otto Solis. Le Costa Rica, qui n’a pas d’armée et se trouve sous le parapluie militaire des Etats-Unis, est le pays le plus prospère d’Amérique centrale et une grande partie de la population ne veut pas que ses richesses soient bradées, notamment les monopoles publics des télécommunications et des assurances qui donnent à l’Etat des ressources importantes. Les milieux d’affaires sont inquiets et estiment que des sociétés seraient contraintes à des localisations de production au Nicaragua ou au Honduras voisins. “Il y a de l’inquiétude dans l’air. C’est dangereux pour le pays et un désavantage face à nos concurrents directs”, a dit à l’AFP le directeur exécutif de la Chambre de commerce du Costa Rica, Alonso Elizondo, qui fait référence aux autres pays signataires du traité. Oscar Arias a estimé que si le “non” l’emportait, il s’agirait d’un “suicide collectif”, car les Etats-Unis sont le principal partenaire économique du pays. Il a accusé l’Eglise catholique, qui se veut neutre dans le scrutin, d’avoir fait preuve de laxisme face aux nombreux prêtres qui se sont publiquement mobilisés contre le traité. Washington a d’ores et déjà averti qu’il n’était pas question de renégocier les termes du traité, ce qu’exige le Parti action citoyenne (PAC, centre-gauche) d’Otto Solis. L’opposition affirme qu’avec le traité de libre-échange, Oscar Arias fait le jeu des multinationales américaines comme Dole qui exportent bananes et ananas vers les Etats-Unis. Ils redoutent aussi que les agriculteurs américains inondent le marché avec leur production subventionnée. Selon le sociologue Guillermo Solis, les personnes bénéficiaires de l’Etat providence puis victimes des politiques néolibérales ont peur que le traité ne remette en question les avantages acquis. Les Etats-Unis sont le principal partenaire commercial du Costa Rica, qui y écoule 41% de ses exportations (3,4 milliards de dollars en 2006). Les promoteurs du Traité affirment que les exportations pourraient augmenter de 500 millions de dollars dès la première année. Dans ce pays de 4 millions d’habitants, le tourisme (9% du PIB) et l’agriculture (2e producteur mondial de banane, café, ananas, jus de fruits) sont la base de l’économie. |
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