[08/10/2007 05:25:12] SAN JOSE (AFP) Le Costa Rica a adhéré dimanche au traité de libre-échange entre l’Amérique centrale et les Etats-Unis lors d’un référendum qui a tenu en haleine les milieux d’affaires, lesquels redoutaient jusqu’au bout une victoire du “non”. Sur la base de 88,7% des bureaux de vote comptabilisés, le “oui” l’emporte avec 50,95% des voix et devance le “non” qui totalise 47,62% des suffrages, selon le Tribunal suprême des élections (TSE) qui a relevé 1,4% de bulletins nuls. Le camp du “oui” a revendiqué la victoire et célébrait dimanche soir une adhésion qui soulage le gouvernement et le secteur privé. Le vote en faveur du traité de libre-échange est synonyme de ratification automatique. Le traité est déjà entré en vigueur dans quatre autres pays d’Amérique centrale (Guatemala, Salvador, Honduras et Nicaragua) et en République dominicaine, où il a été approuvé par les parlementaires. Le Costa Rica est le seul de ces pays à avoir consulté sa population pour le faire ratifier. Etant donné l’opposition au projet, le président Oscar Arias s’est vu contraint de convoquer un référendum. Le pari du référendum était risqué car une victoire du “non” aurait été un camouflet pour le président Arias et indirectement pour Washington. Le taux de participation de 59,84% est largement supérieur aux 40% nécessaires pour que le scrutin soit validé. Les deux derniers sondages publiés avant le premier référendum de l’histoire du Costa Rica avaient donné mercredi un léger avantage au “non”, avec respectivement 55% et 50,8% des suffrages.
Le Costa Rica, qui n’a pas d’armée et se trouve sous le parapluie militaire des Etats-Unis, est le pays le plus prospère au sein d’une région pauvre comme l’Amérique centrale et une grande partie de sa population craint que ses richesses ne soient bradées, notamment les monopoles publics des télécommunications et des assurances, des ressources importantes pour l’Etat. En revanche, les milieux d’affaires étaient rassemblés derrière le “oui” et craignaient en cas de victoire du “non” de devoir procéder à des délocalisations dans les pays signataires du traité, au Nicaragua ou au Honduras voisins. Oscar Arias avait même déclaré que si le “non” l’emportait, ce serait un “suicide collectif”, car les Etats-Unis sont le principal partenaire économique du pays. Il a accusé l’Eglise catholique, qui se veut neutre dans le scrutin, d’avoir fait preuve de laxisme face aux nombreux prêtres qui se sont publiquement mobilisés contre le traité. Washington avait indirectement pris position en avertissant qu’il n’était pas question de renégocier les termes du traité, ce qu’exige le porte-drapeau de l’opposition au traité, l’économiste de centre-gauche Otto Solis, qui avait perdu de justesse la présidentielle de 2006 face à Arias. L’opposition affirme qu’avec le traité de libre-échange, Oscar Arias fait le jeu des multinationales américaines comme Dole qui exportent bananes et ananas vers les Etats-Unis. Ils redoutent aussi que les agriculteurs américains n’inondent le marché avec leur production subventionnée. Les Etats-Unis sont le principal partenaire commercial du Costa Rica, qui y écoule 41% de ses exportations (3,4 milliards de dollars en 2006). Les promoteurs du Traité ont affirmé que les exportations pourraient augmenter de 500 millions de dollars dès la première année. Dans ce pays de quatre millions d’habitants, le tourisme (9% du PIB) et l’agriculture (2e producteur mondial de banane, café, ananas, jus de fruits) sont la base de l’économie. |
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