La Russie de nouveau en proie aux affres de l’inflation

 
 
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Vladimir Poutine, au Kremlin le 1er octobre 2007 (Photo : Mikhail Klimentyev)

[08/10/2007 15:24:56] MOSCOU (AFP) La Russie a admis lundi avoir perdu sa bataille contre l’inflation, qui devrait dépasser la barre des 8% cette année, mais a promis des mesures pour contenir l’envolée des prix des produits alimentaires et enrayer le mécontentement populaire avant les élections.

La tâche ingrate d’annoncer cette nouvelle est échue à la toute nouvelle ministre du Développement économique, Elvira Nabioullina, en poste depuis moins de deux semaines après le remaniement ministériel décidé par le président Vladimir Poutine en vue des élections législatives de décembre et présidentielles de mars.

“Malheureusement, au terme de l’année nous dépasserons (l’objectif officiel) de 8%”, a-t-elle admis lors d’une rencontre entre le gouvernement et le président Poutine, a rapporté l’agence Interfax.

De fait, il n’aurait servi à rien de différer la nouvelle. Le chiffre de l’inflation pour le mois de septembre, qui a pris tout le monde de court lors de sa publication vendredi, est si mauvais que “non seulement il envoie aux oubliettes l’objectif de 8% mais rend même difficile de contenir l’inflation au niveau de 2006, c’est-à-dire 9%”, souligne Iaroslav Lissovolik, analyste de la Deutsche Bank à Moscou.

L’inflation de septembre a été trois fois plus élevée que prévu par les analystes, si bien que la hausse des prix sur les neuf premiers mois de l’année atteint déjà 7,5%, soit 0,3 point de plus que sur la même période de l’an dernier, selon l’office des statistiques.

Iaroslav Lissovolik table désormais sur un chiffre de 9,3% cette année, contre 8,7% initialement. Les analystes de la banque Alfa prévoient même 9,5%.

Le Fonds monétaire international, dans un rapport sur la Russie publié vendredi, prévenait lui aussi que l’inflation menaçait de “déborder l’objectif officiel de 8%”.

Le mauvais chiffre de septembre est d’autant plus embarrassant pour le gouvernement qu’il est presque entièrement dû à la hausse des prix des produits alimentaires, c’est-à-dire les plus visibles aux yeux d’une population toujours défiante après avoir connu crise sur crise ces dernières décennies et même une période de surinflation à la fin des années 90.

D’où la rapide réaction au plus haut sommet de l’Etat. Le Premier ministre Viktor Zoubkov s’est engagé devant le président Poutine à convoquer lundi “une réunion pour discuter des manières de protéger le marché alimentaire”, ajoutant que “le travail va démarrer immédiatement”. “Faites vite”, a répliqué le président, a rapporté Interfax.

Le gouvernement se propose à la fois de “stimuler” l’agriculture russe et de jouer sur le niveau des taxes à l’importation et à l’exportation de certains produits comme le blé, l’orge, le lait et les produits laitiers pour contenir les prix, a indiqué la ministre Nabioullina sans plus de détails.

Mais pour les analystes, l’inflation russe est coriace: “plusieurs éléments suggèrent que la pression inflationniste va demeurer élevée dans les années à venir”, souligne Natalia Orlova, analyste de la banque Alfa.

Elle souligne notamment la sensibilité du marché russe aux hausses des prix agricoles mondiaux et la forte augmentation attendue des prix de l’énergie sur le marché intérieur.

Au final, concluent les experts, tout laisse à penser que la banque centrale russe, qui a la charge de contrôler l’inflation, n’aura pas d’autre choix que de laisser le rouble s’apprécier face au dollar, ce qui risque de mettre sous pression celles de ses industries qui vivent de l’exportation.

 08/10/2007 15:24:56 – © 2007 AFP