Euro fort : l’Europe se met en ordre de bataille avant le G7

 
 
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Les ministres des finances italien Tommaso Padoa-Schioppa (g), Néerlandais Wouter J. Bos (c) et allemand Peer Steinbruck, le 8 octobre 2007 à Luxembourg (Photo : Dominique Faget)

[08/10/2007 19:07:23] LUXEMBOURG (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro semblent sur la même longueur d’onde pour interpeller le forum du G7 au sujet de l’euro fort, mais ils divergent ouvertement sur le degré d’inquiétude à avoir face à l’impact de l’appréciation de la monnaie.

Le ministre néerlandais des Finances Wouter Bos a indiqué à Luxembourg que les Européens devraient se rendre à la prochaine réunion du G7-Finances le 19 octobre à Washington avec “un message de confiance en notre propre économie, et un message pour les autres: que leurs taux de change devraient refléter les fondamentaux de leur économie”.

Les Etats-Unis, mais aussi la Chine et le Japon sont régulièrement accusés d’encourager directement ou indirectement la faiblesse de leur monnaie, qui soutient leurs exportations, ce qui entraîne par contrecoup une appréciation de l’euro.

“L’effort qui doit être fait ne doit pas l’être seulement par les Européens. Il doit être fait par toutes les parties concernées”, a fait écho le ministre espagnol des Finances Pedro Solbes, avant une réunion de l’Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro.

Les ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales des sept pays les plus industrialisés (G7) doivent se retrouver dans une dizaine de jours à Washington.

En prévision de cette rencontre, le président de l’Eurogroupe le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, entend profiter de la réunion de lundi pour préparer un message commun et fort sur les taux de change.

Si l’idée semble faire son chemin, cela n’empêche pas des divergences d’appréciation entre les ministres sur les effets de l’euro fort.

“Un euro fort est mieux qu’un euro faible”, a déclaré l’Allemand Peer Steinbrück devant des journalistes.

“Je ne suis pas préoccupé”, a renchéri le ministre néerlandais Wouter Bos. “Toute l’idée de l’Union monétaire était de faire un euro fort. Maintenant que c’est un euro fort, je pense que nous devrions être contents.”

Ces critiques prennent le contre-pied des inquiétudes exprimées ces derniers jours par des pays comme l’Italie et surtout la France, dont les exportations sont pénalisées par l’euro fort.

La ministre française de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, a malgré tout assuré lundi ne se sentir “absolument pas” seule dans sa croisade contre l’euro fort.

Lancée à l’origine en 1999 à 1,17 dollar, la monnaie unique vient de dépasser pour la première fois le seuil de 1,42 dollar et restait lundi autour de 1,41 dollar.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, a reconnu qu'”en ce moment le dollar est sous-évalué”, dans une interview lundi au Financial Times.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a lui aussi renvoyé tout débat autour des problèmes de devises au forum du G7. “Dans ce domaine, le groupe informel pertinent” pour en débattre “est le G7”, a estimé M. Trichet, peu avant de se rendre à l’Eurogroupe.

Outre l’euro, les discussions à Luxembourg s’annoncent aussi animées sur les comptes publics français. La France vient de présenter un projet de budget 2008 qui repousse à plus tard la réduction du déficit public national, malgré les appels de ses partenaires européens à redoubler d’efforts dans ce domaine.

Juste avant la réunion, le président de la BCE a implicitement critiqué Paris, estimant “essentielle” une “application rigoureuse du Pacte de stabilité et de croissance” sur la résorption des déficits en Europe. Il a regretté que “certains pays” aient “tendance” à ne pas le respecter.

 08/10/2007 19:07:23 – © 2007 AFP