Le pétrole pourrait se détendre à court terme mais devrait rester cher

 
 
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Une pompe à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[08/10/2007 18:38:56] PARIS (AFP) Le marché pétrolier pourrait marquer un léger repli avec la fin de la saison des ouragans en Amérique du nord, mais les prix devraient rester élevés, et un hiver rude les propulserait à de nouveaux records, dans un contexte géopolitique et d’approvisionnement toujours tendu.

Les cours de l’or noir ne sont pas retombés sous la barre des 80 dollars à New York depuis trois semaines, et ils sont à peine deux dollars plus faibles à Londres.

Mais ils pourraient se détendre un peu si la saison des ouragans se termine sans dégâts importants dans le golfe du Mexique, où se concentre la majorité des installations pétrolières américaines.

Il y a un an, après une poussée de fièvre pendant le conflit libano-israélien, les prix de l’or noir avaient chuté, tombant brièvement sous 50 dollars le baril à la mi-janvier, en raison de prises de bénéfices de spéculateurs et d’un hiver exceptionnellement doux.

Cette fois encore, la plupart des investisseurs anticipent un repli automnal. La banque UBS table sur un baril à 69 dollars d’ici la fin de l’année, et Natixis anticipe même une chute à 60 dollars d’ici deux à trois mois: les fonds spéculatifs (“hedge funds”) “ont trop des positions spéculatives à la hausse”, qu’ils vont devoir en partie liquider, juge Guillaume Fouchères, de Natixis, qui mise aussi sur un hiver clément.

Mais la plupart des investisseurs ou économistes ne s’attendent qu’à un repli des cours très modeste.

Frédéric Lasserre, de la Société Générale, anticipe un baril de Brent à 70-75 dollars d’ici la fin de l’année. Leo Drollas, directeur adjoint du Centre for global energy studies (CGES), table sur 75-80 dollars en moyenne cet hiver, et, si celui-ci est rude, il s’attend à des pointes à 90 dollars.

Les analystes de Goldman Sachs, les plus haussiers, parient sur un baril à 85 dollars à la fin de l’année, avec “des pointes à 90 dollars”.

“Si la température descend à -20°C à Chicago au début de l’hiver, on passera les 100 dollars”, renchérit Philippe Chalmin, professeur à Paris-Dauphine et spécialiste des matières premières.

En outre, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a décidé en septembre d’augmenter sa production d’un demi-million de barils par jour au 1er novembre, ne devrait décider d’une nouvelle hausse de production que si les prix recommencent à flamber.

“Si on finit l’année entre 70 et 75 dollars le baril, je ne pense pas que l’Opep fera grand-chose”, remarque Frédéric Lasserre.

L’Opep tient un sommet les 17 et 18 novembre à Ryad, et se réunit également à Abou Dhabi le 5 décembre.

Autre facteur qui contribue à tirer les prix vers le haut: la faiblesse du dollar, monnaie dans laquelle est commercialisé le pétrole.

“Quand le dollar baisse, les matières premières ont tendance à monter”, souligne Frédéric Lasserre, car “pour générer la même marge en monnaie locale, il faut vendre de plus en plus cher en dollar”.

“Tous les actifs dénominés en dollars ont tendance à profiter d’une baisse du dollar”, renchérit M. Fouchères, même s’il fait valoir que ce phénomène est “assez modéré pour le pétrole et plus sensible pour l’or”.

Les tensions géopolitiques persistantes, en Iran ou au Nigeria, militent aussi en faveur d’une hausse des prix, tout comme la consommation mondiale, qui continue à progresser fortement à la faveur des pays en développement, Chine en tête.

Les investisseurs vont aussi continuer à scruter le niveau des stocks: ceux de produits distillés (essence, fioul, etc) se sont un peu renfloués ces dernières semaines, ce qui rassure le marché, “mais on est loin d’une situation confortable”, conclut Guillaume Fouchères.

 08/10/2007 18:38:56 – © 2007 AFP