[08/10/2007 19:13:03] LONDRES, 8 oct 2007 (AFP) Les banques européennes RBS, Fortis et Santander ont réussi lundi la plus grande acquisition de l’histoire du secteur bancaire, avec la victoire de leur offre à 71 milliards d’euros sur ABN Amro, un symbole depuis près de deux siècles de la réussite économique des Pays-Bas, qu’ils vont démanteler. L’offre de rachat record du consortium formé par la britannique Royal Bank of Scotland, la belgo-néerlandaise Fortis et l’espagnole Santander, qui avait expiré vendredi, a récolté 86% des actions de la banque néerlandaise, selon un décompte provisoire annoncé lundi par les trois établissements, qui s’étaient fixé comme principale condition de réussite l’obtention de plus de 80% du capital d’ABN Amro. Les analystes avaient prédit une victoire écrasante de cette offre dans la course au rachat de la première banque des Pays-Bas, son montant (qui représente aussi 49 milliards de livres ou 100 milliards de dollars) étant le plus élevé jamais déboursé dans le secteur bancaire. Vendredi, la banque britannique Barclays, qui avait proposé également de racheter la banque basée à Amsterdam, mais pour un montant nettement inférieur (63 milliards d’euros aux cours de clôture de jeudi), avait du reconnaître sa défaite, n’ayant réussi à rassembler que 0,2% du capital d’ABN Amro. Dans un communiqué laconique, ABN Amro a indiqué avoir “pris acte” de la réussite de l’offre du consortium, qui va conduire à l’éclatement de cet établissement dont les racines remontent à 1824, et qui était considéré comme l’un des joyaux de l’économie néerlandaise. Les trois alliés RBS, Fortis et Santander comptent en effet démanteler la banque au logo vert et jaune, se répartir ses différentes activités en fonction de leurs orientations stratégiques et géographiques, et supprimer jusqu’à 19.000 emplois au passage. A RBS reviendront notamment les opérations de banque de détail en Asie et de banque commerciale, à Fortis les activités au Benelux (après quelques cessions destinées à préserver la concurrence aux Pays-Bas), et à Santander les activités italiennes et brésiliennes. RBS, banque basée à Edimbourg (Ecosse) et initiatrice de ce rachat géant, se taillera ainsi la part du lion, mais devra payer la plus grosse quote-part, soit plus de 27 milliards d’euros, contre 24 milliards pour Fortis et 20 milliards pour Santander. Mais certains analystes se sont inquiétés du prix élevé payé par les trois alliées, et du lourd défi que va représenter l’intégration des actifs d’ABN Amro, qui plus est après les turbulences qui ont secoué cet été les marchés financiers. Au lieu de ce dépeçage en règle, la direction d’ABN Amro aurait préféré un succès de l’offre de Barclays, qui aurait donné naissance à la deuxième banque d’Europe et à la cinquième mondiale. ABN Amro avait d’ailleurs accepté initialement l’offre de Barclays, les deux banques ayant célébré leurs fiançailles le 23 avril. ABN Amro avait de plus tenté de mettre des bâtons dans les roues du consortium en vendant sa filiale américaine LaSalle, sur laquelle RBS avait jeté son dévolu, à Bank of America. Mais le consortium avait persévéré malgré cette “pilule empoisonnée”, et, face au montant élevé de l’offre de celui-ci, la banque néerlandaise avait fini par retirer son soutien à Barclays sans pour autant l’apporter au consortium, laissant ses actionnaires libres d’apporter leurs titres au plus offrant. RBS, Fortis et Santander ont précisé qu’elles annonceront le résultat définitif de leur offre au plus tard vendredi, une fois toutes les conditions règlementaires remplies. |
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