[09/10/2007 10:08:00] LUXEMBOURG (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro ont concentré leurs critiques sur la Chine lundi soir à propos de l’appréciation spectaculaire de la monnaie unique, faute de pouvoir se mettre d’accord sur un message dur à l’encontre des Etats-Unis ou du Japon. A son tour mardi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a appelé la Chine à laisser sa monnaie s’apprécier davantage, alors que le taux de change de l’euro a fortement grimpé ces derniers mois face au yuan. “Il est souhaitable, dans les économies émergentes disposant d’excédents des comptes courants importants et grandissants, et c’est en particulier le cas de la Chine, que leurs taux de change effectifs évoluent de manière à ce que les ajustements nécessaires aient lieu”, a affirmé M. Trichet devant la commission des affaires économiques du parlement européen à Bruxelles. Il a ainsi repris à son compte la déclaration publiée la veille par les ministres des Finances de la zone euro, réunis au sein du forum de l’Eurogroupe à Luxembourg. Réunion à laquelle il avait participé. “Nous allons engager un dialogue avec la Chine”, a ajouté M. Trichet, qui doit se rendre au cours des prochains mois sur place pour parler des problèmes de change avec le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et le commissaire européen aux affaires économiques et monétaire Joaquin Almunia. Réunis au sein de l’Eurogroupe à Luxembourg, les ministres des Finances de la zone euro ont en effet annoncé lundi soir une visite au sommet et sans précédent en Chine “d’ici la fin de l’année” pour évoquer les problèmes de change avec Pékin, au moment où la monnaie unique grimpe par rapport non seulement aux dollars mais aussi au yuan.
Cette visite aura pour objet en particulier de parler avec les autorités chinoises “des questions de change”, a souligné M. Juncker devant la presse à l’issue de la réunion. La Chine est régulièrement accusée de maintenir sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour soutenir ses exportations et sa croissance économique. Ce qui pousse l’euro à la hausse par contrecoup. “Il est souhaitable, dans les économies émergentes disposant d’excédents des comptes courants importants et grandissants, notamment la Chine, que leurs taux de change effectifs évoluent de manière à ce que les ajustements nécessaires aient lieu”, a affirmé l’Eurogroupe. “La Chine et d’autres économies émergentes devraient introduire davantage de flexibilité dans leur gestion des taux de change”, a dit mardi matin M. Almunia. “C’est bon pour la croissance de la Chine, pour rééquilibrer la croissance, pour augmenter la demande intérieure”, a-t-il poursuivi. “Et c’est bon pour la réduction des déséquilibres mondiaux pour tout le monde, pour tous les acteurs majeurs dans l’économie mondiale.” Plus largement, les treize pays de la zone euro ont estimé que les taux de change “devraient refléter les fondamentaux économiques” et que “la volatilité excessive et les mouvements désordonnés” sur les marchés des changes “sont indésirables”. Ils entendent soulever cette question lors d’une réunion du forum des pays industrialisés du G7 prévue le 19 octobre à Washington. Mais si la visite au plus haut niveau en Chine constitue une nouveauté, l’essentiel des conclusions de l’Eurogroupe sur les changes ne fait que reprendre les termes diplomatiques des communiqués les plus récents du G7. Sur le dollar, les pays de la zone euro se sont contentés de se féliciter des récentes déclarations du gouvernement américain en faveur d’un dollar fort, dans un appel implicite à Washington à mettre ses paroles en actes et à favoriser une remontée du billet vert. Concernant le Japon, les ministres des Finances se sont bornés à émettre l’espoir que la reprise économique en cours dans l’archipel se traduise par une appréciation du yen. Le Japon est soupçonné comme les Etats-Unis de s’accomoder pleinement de la faiblesse de sa monnaie, qui soutient les exportations nationales. Les ministres des pays de la zone euro ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un message plus fort, car ils divergent sur l’impact réel de l’euro fort sur leurs économies. “Un euro fort est mieux qu’un euro faible”, a commenté l’Allemand Peer Steinbrück avant la réunion de l’Eurogroupe. “Je ne suis pas préoccupé”, a renchéri le ministre néerlandais Wouter Bos. “Toute l’idée de l’Union monétaire était de faire un euro fort. Maintenant que c’est un euro fort, je pense que nous devrions être contents”. Ces critiques ont pris le contre-pied des inquiétudes exprimées ces derniers jours par des pays comme l’Italie et surtout la France, dont les exportations sont pénalisées par l’euro fort. La ministre française de l’Economie et des Finances Christine Lagarde s’est malgré tout félicitée lundi de “la préoccupation collective” et de l’expression à laquelle les pays de l’Eurogroupe étaient “parvenus”. Lancé à l’origine en 1999 à 1,17 dollar, la monnaie unique vient de dépasser pour la première fois le seuil de 1,42 dollar et restait lundi autour de 1,41 dollar. |
||||
|