[09/10/2007 15:58:23] TROYES (AFP) Le groupe canadien Bombardier a lancé mardi en France son train baptisé “hybride bibi”, conçu pour rouler en mode diesel ou électrique, un concentré d’innovations technologiques destiné à polluer moins et à répondre à la demande croissante de transport régional. Les rames, qui vont circuler d’abord en Champagne-Ardenne, combinent plusieurs particularités: “bi-mode”, elles peuvent passer de la propulsion électrique au moteur diesel sans s’arrêter; “bi-courant”, elles peuvent recevoir 1.500 ou 25.000 volts, d’où le surnom de “bibi”. C’est le “premier train hybride au monde”, a résumé le président de Bombardier Transport André Navarri, à l’arrivée du train inaugural en gare de Troyes (Aube). Imperceptible pour le voyageur, le passage de l’électrique au diesel ou d’une tension électrique à une autre évite de changer de train en fonction du type de voies ou d’attendre en gare le changement de mode de propulsion de la motrice. Cela évite aussi de faire rouler un train diesel sur tout le parcours alors qu’une partie du trajet peut se faire à l’électricité seule. De Paris à Troyes, “nous avons économisé 20% de CO2 par rapport à un train (uniquement) diesel et 60% par rapport à une voiture”, a ajouté M. Navarri. La SNCF se place “dans la logique du développement durable”, a souligné sa présidente Anne-Marie Idrac, alors que le Grenelle de l’environnement doit se tenir à la fin du mois. Ces rames aux sièges violet, qui coûtent 5 millions d’euros pièce, sont plus chères que des trains classiques, de l’ordre de 10 à 20% de plus, selon Bombardier, qui compte pourtant, selon son président, exporter ce train “conçu et fabriqué” à Crespin, dans le Nord. Des délégations de Russie, d’Israël ou du Royaume-Uni étaient présentes à Troyes. La région Champagne-Ardenne a déboursé 40 millions d’euros pour acheter huit rames, un “effort énorme”, a souligné son président Jean-Paul Bachy, mais qui évite d’entretenir deux parcs de locomotives, diesel d’une part et électrique d’autre part. D’autant que Paris-Troyes est l’une des dernières lignes au départ de Paris à ne pas être électrifiée, malgré les demandes répétées des élus locaux, qui n’ont pas ménagé leurs critiques contre la SNCF et Réseau ferré de France. Ce nouveau matériel va aussi permettre de “répondre à la hausse de la fréquentation”, a expliqué Pierre Mathieu, vice-président de la région, chargé des transports. Les “hybrides bibi” permettent de doubler l’offre sur la ligne Paris-Troyes-Culmont, qui a connu une forte hausse du trafic entre 2006 et 2007, a-t-il poursuivi. Les régions françaises sont confrontées depuis plusieurs années à l’explosion du trafic régional : +53% entre 1996 et 2007, dont 8,6% sur 2006, selon la SNCF. Elles se sont lancées au début des années 2000 dans un plan de modernisation, notamment avec la commande de 700 trains régionaux à Bombardier, dont l'”hybride bibi” est le dernier-né, commandé par dix régions. Depuis 2002, les régions ont à leur charge le transport régional: elles achètent le matériel tandis que la SNCF, liée aux collectivités locales par des conventions de service public, exploite les lignes. La cérémonie d’inauguration a été perturbée par une vingtaine de cheminots de la CGT, venus “montrer leur détermination” à Mme Idrac, qui les a reçus. La SNCF affronte actuellement plusieurs dossiers sensibles, dont le fret, la loi sur le service minimum ou la réforme des régimes spéciaux de retraite. Une grève est prévue pour le 18 octobre. |
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