Grande-Bretagne : premier pré-budget malaisé pour le nouveau ministre des Finances

 
 
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Alistair Darling à Bournemouth le 23 septembre 2007 (Photo : Leon Neal)

[09/10/2007 08:12:27] LONDRES (AFP) Le ministre des Finances britannique Alistair Darling présente mardi un premier pré-budget malaisé, dont il a dû précipiter la rédaction en vue d’une éventuelle annonce d’élections générales anticipées, avant de revoir peut-être sa copie depuis qu’on sait qu’elles n’auront pas lieu.

M. Darling présentera mardi à la fois le pré-budget 2008/2009, c’est-à-dire les grandes lignes du budget de mars prochain, et le programme des dépenses publiques sur les trois prochaines années.

Alors que ces textes sont généralement présentés fin novembre, début décembre, avec une date annoncée des semaines en avance, il n’a été dit que vendredi que M. Darling s’exprimerait dès mardi.

Cela a alimenté un peu plus la rumeur selon laquelle le Premier ministre Gordon Brown, en fonction depuis juin seulement après dix ans à la place de M. Darling, allait tirer parti de sondages favorables pour annoncer mardi des élections le 1er novembre.

Les économistes commençaient donc à s’attendre à “quelques annonces tape-à-l’oeil”, comme le pronostiquait Howard Archer de Global Insight, engendrant “un bénéfice électoral à court terme mais une souffrance budgétaire à long terme”, subodorait Roger Bootle du cabinet Deloitte.

Mais comme M. Brown a renoncé au scrutin samedi, après un spectaculaire retournement des sondages, le pré-budget de M. Darling pourra se permettre d’être réaliste.

Le ministre lui-même a d’ores et déjà prévenu depuis vendredi de “temps difficiles” pour l’économie mondiale qui pourraient se traduire par “quelques turbulences économiques” pour le Royaume-Uni. Une manière, estiment les commentateurs, d’annoncer qu’il va revoir en baisse l’actuelle prévision de croissance du gouvernement pour 2008, 2,5%-3%. Le consensus actuel est à 2,2%.

Rien n’a filtré des mesures que M. Darling annoncera.

Gordon Brown a cependant critiqué lundi la proposition des conservateurs d’élever de 300.000 livres (434.000 euros) à un million de livres (1,45 million de livres) le seuil d’imposition des successions, une mesure qui a semble-t-il pesé très lourd dans le retournement des sondages.

Alors que les Conservateurs ont proposé de financer ces mesures en taxant les contribuables domiciliés à l’étranger, M. Brown a estimé que cela ne permettrait de dégager “que quelques centaines de millions de livres”, mais pas de couvrir le manque à gagner estimé à 3,5 milliards de livres en cas de relèvement du seuil de l’impôt sur les successions.

Samedi, M. Darling a indiqué qu’il annoncerait “une série de mesures” fiscales. “Mais je ne ferai pas de promesses que je ne peux financer”, a-t-il annoncé, laissant entendre que leur portée serait modérée.

Les économistes s’attendent à des annonces destinées à réduire les avantages dont bénéficient les patrons de fonds d’investissement, une taxation à 10% seulement de leurs plus-values, contre 40% pour un revenu classique du même ordre. Il pourrait être question aussi d’augmenter les “taxes écologiques”, sujet populaire au Royaume-Uni.

M. Darling devra, en tout état de cause, faire attention à ne pas aggraver la limite de 30 milliards de livres d’emprunts publics fixée pour l’an prochain, alors même qu’une croissance moins bonne qu’espéré devrait réduire les recettes.

Howard Archer, qui avait insisté ces dernières semaines sur le bien-fondé d’élections anticipées pour surfer sur une croissance de quelque 3% actuellement, a prévenu “du danger très réel de détérioration marquée” fin 2007 et en 2008, à cause en particulier d’un ralentissement possible de la consommation.

Il a estimé que M. Brown “avait sans doute eu de bonnes raisons de ne pas appeler à un scrutin, mais qu’il pourrait bien considérer un jour cette décision avec regret”.

 09/10/2007 08:12:27 – © 2007 AFP