[09/10/2007 16:39:23] PARIS (AFP) Le patron d’EADS, Louis Gallois, seul dirigeant du groupe européen épargné par les soupçons de délit d’initiés, est passé à l’offensive mardi pour tenter de restaurer l’image et la cohésion de son entreprise, en annonçant sa volonté d’y supprimer les stock-options. Alors que l’affaire EADS a relancé la polémique sur les stock-options, M. Gallois a réaffirmé, dans un entretien au Monde daté de mercredi, qu’il considérait “l’attribution de stock-options aux dirigeants comme un système contestable qui s’apparente à une loterie”. Il a annoncé qu’il allait “proposer au conseil d’administration sa suppression totale” pour le remplacer par un système de distribution d’actions gratuites “qui sont un vrai complément de salaire”. La plupart des dirigeants d’EADS ont dégagé d’importantes plus-values sur des stock-options fin 2005 et en mars 2006, quelques mois avant l’effondrement du titre provoqué par la révélation d’importants retards du programme A380, le 13 juin 2006. Elles font l’objet d’enquêtes sur de possibles délits d’initiés de la part de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et de la justice. Noël Forgeard, alors coprésident exécutif du groupe, a dégagé 4,1 millions d’euros de plus-values en novembre 2005 et mars 2006, huit autres dirigeants au moins ont dégagé entre 500.000 et 1,8 million. Par ailleurs, en avril 2006, le groupe Lagardère a vendu 7,5% du capital pour 2 milliards d’euros, tout comme l’autre actionnaire de référence, Daimler. M. Gallois, qui était administrateur d’EADS sans attribution de stock-options, est arrivé à la direction opérationnelle du groupe en pleine crise en juillet 2006, après dix ans passés à la SNCF, avec l’image d’un patron désintéressé. Assurant qu’EADS continuera “de coopérer avec l’AMF et la justice”, M. Gallois refuse de nouveau de se prononcer sur “le fond du dossier” et assure que sa “préoccupation essentielle” est de “protéger l’entreprise des turbulences (…) qui ne la concernent pas”. Dès la semaine dernière, il avait appelé le personnel du groupe européen d’aéronautique et de défense à l’union face à “la crise médiatique autant que juridique”. Il s’était dit convaincu que le groupe, confronté notamment à la sévère concurrence de l’américain Boeing, saurait “à nouveau surmonter les difficultés en restant uni et concentré sur les objectifs” commerciaux et industriels. Au moment où sa filiale Airbus s’apprête enfin à livrer le premier A380 le 15 octobre, et engrange à nouveau des commandes pour son avion géant, M. Gallois assure qu'”au-delà de la houle médiatique, EADS est solide”. Il doit aussi empêcher une fracture durable entre les dirigeants et le reste du personnel, certains salariés ayant évoqué leur “écoeurement”, au moment où commence à s’appliquer le plan de restructuration Power8 prévoyant notamment 10.000 suppressions d’emploi en quatre ans. Tout en réaffirmant sa “confiance” aux cadres, et en appelant au respect de la présomption d’innocence, M. Gallois a réclamé “l’engagement de tous les instants” du personnel. “De manière à ne pouvoir induire aucun soupçon”, les ventes des actions gratuites “pourraient se faire de façon automatique (…) elles seraient annoncées longtemps à l’avance, et les titres seraient gérés par un organisme indépendant”, explique M. Gallois. “On peut aussi pour certains dirigeants n’autoriser les ventes qu’après le départ de l’entreprise”, dit-il. |
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