[11/10/2007 10:39:37] PARIS (AFP) Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker appelle Paris à réduire ses déficits et prend la défense de l’euro fort
Le Premier ministre et ministre des Finances luxembourgeois Jean-Claude Juncker appelle Paris à réduire “résolument” ses déficits, et prend la défense de la Banque centrale européenne et de l’euro fort, dans un entretien publié jeudi par le quotidien français Le Monde. “Nous l’invitons donc (la France) résolument à réduire le niveau de ses dépenses publiques, qui sont les plus importantes de l’Union (européenne) en proportion”, déclare M. Juncker, qui préside également l’Eurogroupe, où siègent les ministres des Finances des treize pays de la zone euro. “Je veux croire que la France fera tout, comme l’a dit (le président Nicolas) Sarkozy en juillet devant l’Eurogroupe, pour atteindre l’équilibre en 2010”, affirme-t-il, en soulignant que “le nouveau gouvernement a présenté un projet de loi de finance qui reste, avec un déficit prévu de 2,3%, en-deçà des engagements pris. M. Juncker prend également la défense de la Banque centrale européenne (BCE) face aux critiques répétées de la France sur la politique de l’euro fort. “Tout le monde doit comprendre que la politique monétaire est faite pour l’ensemble de la zone euro et qu’elle ne peut pas faire de concessions à l’égard d’un pays qui exprime sa sensibilité avec vigueur”, assure-t-il. “Quand l’euro était faible, à 0,80 dollar, certains s’en moquaient en prétendant que la monnaie unique ne pouvait pas faire jeu égal avec le dollar. Aujourd’hui, la force de l’euro reflète celle de notre économie. Personne ne va s’en plaindre”, affirme aussi M. Juncker. “Moi aussi, comme le ministre allemand Peer Steinbrück, je préfère un euro fort, par ailleurs capable de compenser la hausse du pétrole, à un euro faible”, poursuit-il. Toutefois, “de là à dire que plus fort sera l’euro, mieux il servira l’économie européenne, il y a un pas que je ne franchirai pas”, précise le dirigeant luxembourgeois. M. Juncker rend un hommage appuyé au président de la BCE, Jean-Claude Trichet, “qui a fait de cette jeune institution l’une des premières adresses de la politique monétaire mondiale”, et répond aux critiques de M. Sarkozy sur un manque de dialogue entre l’Eurogroupe et la BCE. “J’entretiens avec M. Trichet un dialogue courtois qui n’en serait pas plus crédible si j’étalais en public les quelques sujets de friction que nous avons de temps à autre”, affirme-t-il. M. Juncker affirme avoir “pris connaissance avec une légère surprise des critiques émises par M. Sarkozy contre notre action lors des turbulences financières” de l’été dernier. Il assure avoir été à l’époque “en contact très fréquent avec M. Trichet, et tous les ministres des finances de la zone”, et insiste sur le caractère “exemplaire” de l’action de la BCE. Le Premier ministre luxembourgeois a néanmoins des propos positifs sur la manière d’agir de M. Sarkozy sur la scène européenne. “Le président (Sarkozy) a des convictions européennes fortes, et peut faire avancer l’Europe dans la bonne direction. J’applaudis des deux mains cette action, car elle est proactive, engagée, et intéressée”, affirme-t-il. “Je préfère sa façon de faire au style diplomatique et hypocrite que nous avons observé très souvent de la part des prédécesseurs de M. Sarkozy”, poursuit M. Juncker. |
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