Une association mulhousienne déclare la guerre à la “cyberdépendance”

 
 
[11/10/2007 15:00:28] MULHOUSE (AFP) L’association mulhousienne Le Cap a annoncé le lancement d’une opération de sensibilisation à la “cyberdépendance”

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Internaute sur son blog, en janvier 2007 (Photo : Jeff Haynes)

L’association mulhousienne Le Cap, spécialisée dans les addictions, a annoncé jeudi le lancement d’une opération inédite de sensibilisation à la “cyberdépendance”, un phénomène généré par l’usage compulsif d’internet, des consoles et autres téléphones portables.

L’opération, baptisée “Deux jours sans écrans”, sera menée du 12 au 16 novembre dans quatre lycées haut-rhinois, à raison de deux jours par établissement.

A cette occasion, les quelque 6.000 élèves concernés seront invités à se passer de tout écran pendant deux jours. Lycéens, parents et enseignants pourront également se renseigner sur les dangers d’une “cyberconsommation” excessive auprès des professionnels de l’association (médecins, psychologues, éducateurs…) présents dans les établissements.

“C’est un phénomène récent qui concerne un public jeune compris entre 17 et 25 ans”, analyse Clément Buttner, le directeur du Cap, qui qualifie la cyberdépendance de “toxicomanie sans drogues: la dépendance s’installe chez une personne qui fait un usage important (…) d’internet, des jeux vidéos, de la télé ou des téléphones portables”.

Les symptômes sont doubles, à la fois somatiques (troubles du sommeil, maux de têtes, altération de l’appétit) et psychiques (désintérêt général, désinvestissement relationnel).

Extrêmement chronophage – certains “hard gamers” peuvent passer jusqu’à quarante heures par semaine devant un écran d’ordinateur -, la cyberdépendance rend les contacts humains directs plus rares et débouche fatalement sur une forme de “désocialisation” et “un repli sur soi de plus en plus important”, observe François Ackermann, psychologue au Cap.

Pour Françoise Baucelin, éducatrice, “les choses deviennent encore plus graves et problématiques lorsque ça rejaillit sur la vie sociale, surtout avec des adolescents en pleine construction”.

Les jeux en réseau, dont les jeunes internautes sont particulièrement friands, relèvent d’une “socialisation qui se fait de façon virtuelle. Les gens vivent ensemble; en un sens le groupe est là et pourtant, ils sont seuls”, analyse M. Ackermann, rappelant qu’une addiction, “c’est toujours la rencontre d’un produit, d’une personnalité et d’un moment socio-culturel”.

Outre l’action préventive, l’association proposera aux jeunes ainsi qu’à leurs proches des consultations gratuites et anonymes et des thérapies comportementales courtes dans l’un des quatre centres de soins dont elle dispose.

La finalité de ces thérapies, dont la réussite dépend de la motivation et de l’implication du patient, est de parvenir “à une sorte de contrôle, que le patient puisse se resocialiser après avoir longtemps vécu sur soi”, commente François Ackermann, en prenant bien garde que le “cyberaddict”, lorsqu’il décroche, ne bascule pas dans une autre dépendance.

“Il ne s’agit pas d’interdire ni de diaboliser des outils”, nuance Clément Buttner, pour qui Le Cap entend avant tout livrer un message de “prévention” et de “modération”.

Pour lui, l’enjeu est de “dimension nationale” et excède de loin les limites du Haut-Rhin: “il ne faut pas louper le coche comme on l’a fait avec le tabac et le cannabis. On savait que les jeunes fumaient mais on n’a pas su traiter correctement le problème”, regrette-t-il.

 11/10/2007 15:00:28 – © 2007 AFP