[11/10/2007 16:20:30] LONDRES (AFP) Le nouveau patron du pétrolier BP, annonce une réorganisation qui supprimera jusqu’à quatre niveaux de hiérarchie.
Tony Hayward, le nouveau patron de BP, a lancé jeudi une violente attaque rétrospective contre les structures de son groupe, à l’origine selon lui du retard pris récemment sur les autres compagnies pétrolières, et annoncé une réorganisation qui supprimera jusqu’à quatre niveaux de hiérarchie. Depuis l’explosion qui avait fait 15 morts en 2005 dans la raffinerie de Texas City, et qui a marqué le début d’une série d’incidents de toute sorte aux Etats-Unis, la compagnie n’était pas avare d’excuses sur son propre comportement. Mais le texte distribué aux marchés et à tout le personnel jeudi par Tony Hayward, 50 ans, en poste depuis début mai, est un véritable exercice d’auto-flagellation, dans lequel la compagnie tire des leçons sévères, après avoir annoncé en juillet une baisse de ses bénéfices et un recul de production pour le huitième trimestre d’affilée, et avoir dû céder l’an dernier la troisième place mondiale à sa rivale Shell. A l’issue d’une étude menée depuis six mois avec l’aide des cabinets McKinsey et Bain, M. Hayward a reconnu que “la performance de BP était restée nettement en arrière de ses rivaux ces trois dernières années”. “Nous n’avons pas été conséquents et notre organisation est devenue trop complexe”, a-t-il dit, relevant “un grand nombre de double-emplois, et chevauchements” qui devraient aboutir dans certains cas à supprimer “jusqu’à quatre niveaux de direction”. “Il y un besoin de changement de nos comportements”, a assené le patron. Une des trois grandes directions, “Gaz, Energie et Renouvelables” disparaîtra, et ses activités seront réparties dans les deux autres, “Exploration et Production”, et “Raffinage et Commercialisation”, tandis que sera créée une nouvelle petite division “Energies Alternatives”. M. Hayward a jugé “inévitables” des suppressions d’emplois, tout en insistant sur le fait que les principales opérations “seront renforcées”. Le dirigeant a cependant relevé que la plupart des ennuis actuels venaient du retard de la mise en route de plateformes pétrolières géantes dans le Golfe du Mexique et de problèmes techniques dans des raffineries aux Etats-Unis, le tout devant s’arranger dans les prochains mois, selon lui. Avec “des directeurs d’exploitation libérés de la bureaucratie d’entreprise” et la mise en place “d’unités de performance stratégiques” qui se verront assigner “des objectifs d’activité rigoureux”, M. Hayward a indiqué que la compagnie allait connaître “un tournant majeur”. Ce texte semble marquer la prise de pouvoir réelle à la tête du groupe de l’ancien directeur de l’Exploration et de la Production, docteur en géologie. Il avait cependant déjà évoqué plusieurs fois verbalement son mécontentement devant le mauvais virage pris par le groupe récemment. “Nous pouvons et nous devons mieux faire”, avait-il ainsi indiqué le 24 juillet pour sa première présentation de résultats trimestriels. Il vient aussi de qualifier devant ses troupes “d’épouvantables” les résultats du troisième trimestre qui seront publiés en fin de mois, sans craindre les fuites. Son prédécesseur, John Browne, avait dû avancer de décembre 2008 à fin juillet son départ à la retraite, dans une fin de règne minée par les soucis américains, au chapitre desquels figuraient aussi une pollution en Alaska et des soupçons de malversations sur les marchés. La presse s’était demandé si l’intégration-éclair des compagnies américaines Arco et Amoco en 2000 et 2001, qui avaient fait son prestige, n’avait pas finalement été trop rapide. M. Hayward avait dû prendre les rênes dans la précipitation début mai, M. Browne étant contraint à la démission après un mensonge à la Justice concernant des circonstances de sa vie privée que la presse voulait révéler. |
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