Craintes sur l’inflation en Europe après la poussée de fièvre française en septembre

 
 
[12/10/2007 13:55:27] FRANCFORT (AFP) Inquiétudes en Europe après l’inflation de 1,5% sur un an en France, la plus forte progression depuis le début de l’année

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Courses dans un supermarché (Photo : Mychèle Daniau)

L’inflation a connu une poussée de fièvre en septembre en France, après l’Espagne et l’Allemagne, ravivant les inquiétudes en Europe et les questions sur les intentions de la Banque centrale européenne.

Les prix à la consommation en France ont grimpé le mois dernier de 1,5% sur un an, la plus forte progression depuis le début de l’année, selon des chiffres publiés vendredi. Certes, il s’agit d’une hausse modérée, mais cette annonce vient s’ajouter à d’autres mauvaises nouvelles.

L’inflation espagnole, traditionnellement plus forte que la moyenne européenne, a connu un nouveau coup d’accélérateur en septembre à 2,7% sur un an, et celle de l’Allemagne à atteint 2,5%, selon des chiffres provisoires, du jamais vu depuis deux ans. Pour l’ensemble de la zone euro, le taux a grimpé à 2,1%, au plus haut depuis un an.

Face à ces menaces inflationnistes, le président de la Bundesbank et membre du conseil des gouverneurs de la BCE Axel Weber est monté au créneau. “Il existe un danger qu’un besoin d’agir se fasse de nouveau sentir, sur fond de progression attendue des taux d’inflation dans la zone euro dans les mois à venir, d’autant plus si les hausses des prix sont plus générales et ne concernent plus seulement l’énergie et l’alimentation.”

Dans la bouche de ce faucon de l’institution monétaire, le message est clair: la BCE, qui a marqué une pause dans son cycle de relèvement des taux, pourrait procéder à de nouveaux tours de vis si nécessaire.

Depuis décembre 2005, elle a déjà durci à huit reprises les conditions du crédit pour porter son principal taux directeur à 4% et prévoyait encore au début de l’été de poursuivre sur cette lancée. Mais les gardiens de l’euro, dont la mission première est de lutter contre l’inflation, ont été coupés dans leur élans par la crise financière qui a éclaté en août.

Face à l’affolement créé par la débâcle des crédits hypothécaires à risque aux Etats-Unis et à l’incertitude qui pèse à présent sur les performances de la croissance mondiale, la BCE a préféré renoncer en septembre à une nouvelle hausse de taux.

Sans compter le danger représenté par l’euro fort, qui pèse notamment sur les exportations françaises.

Le président de la BCE, le Français Jean-Claude Trichet, a reconnu récemment que des risques inflationnistes existaient en zone euro mais a encore répété cette semaine qu’il était nécessaire de “rassembler davantage de données” avant de fixer sa politique monétaire.

Une modération de ton dont ne s’embarrasse pas vraiment M. Weber. “Si les risques pour la stabilité des prix se matérialisaient, la politique monétaire ne doit pas perdre de vue sa mission première, et cela même si elle ne continue pas à soutenir la conjoncture, de toute façon robuste, ou qu’elle ait un effet restrictif”, avertit-il.

D’autant que les prix à la consommation devraient poursuivre leur hausse dans les mois à venir, alors que les prix du pétrole restent à des sommets historiques et que les prix des matières premières agricoles montent, en raison de la poussée de la demande mondiale et de mauvaises récoltes. Ceci oblige le consommateur à débourser plus pour son lait ou son pain.

Le gouvernement espagnol a déjà averti que le pays devrait voir son taux d’inflation monter à près de 3% à fin 2007, soit bien plus que la limite fixée par la BCE, qui est d’un taux légèrement inférieur à 2%. La tendance devrait être la même pour la France, selon des économistes. Mathieu Kaiser, de BNP Paribas, table ainsi sur un taux de 2% d’ici la fin de l’année.

 12/10/2007 13:55:27 – © 2007 AFP