Opération séduction de Sarkozy auprès des électriciens et des gaziers

 
 
[12/10/2007 16:56:17] PENLY (AFP) Nicolas Sarkozy a défendu devant des salariés de GDF à Gournay-sur-Aronde (Oise) la fusion de GDF avec Suez.

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Le président Nicolas Sarkozy devant des salariés de GDF à Gournay-sur-Aronde (Oise), le 12 octobre 2007 (Photo : Bertrand Guay)

Nicolas Sarkozy s’est invité vendredi sur deux sites d’EDF et de GDF pour faire la promotion devant des agents inquiets de la réforme des régimes spéciaux de retraite, de la fusion entre GDF et Suez et de l’avenir de la filière nucléaire.

Organisée dans la plus grande discrétion, cette opération séduction auprès des électriciens et des gaziers s’est déroulée à la veille d’une semaine que le chef de l’Etat lui-même annonce “difficile”. Les syndicats doivent ouvrir le feu jeudi contre la réforme des régimes spéciaux de retraite par une journée de grève à la SNCF et à la RATP.

Sitôt sorti du funiculaire qui l’a posé au pied des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), Nicolas Sarkozy a été apostrophé par un délégué syndical, qui donne le ton de l’inquiétude des agents.

“Nous n’acceptons par votre réforme car vous comparez ce qui n’est pas comparable (…) vous avez renié votre promesse de 2004 de ne pas privatiser GDF (…) comment pouvons-nous vous porter un quelconque crédit ?”, lui lance Marc Lasserve, de Force ouvrière.

Le débat est vif, direct. “Tous les Français cotisent 40 ans, ce n’est pas possible que vous continuiez à cotiser 37 ans et demi”, lui répond Nicolas Sarkozy, qui ajoute: “je viens vous le dire en face”.

Après une rapide visite, le président grimpe sur l’estrade qui l’attend dans un bâtiment. Face à lui, près de 300 agents. L’accueil est froid, les applaudissements rares. Pendant une demi-heure, Nicolas Sarkozy déploie tous ses talents de bretteur pour tenter de les convaincre.

D’abord, il rassure. “La filière nucléaire française a beaucoup d’avenir, ça restera le coeur de la production électrique de notre pays”, lance le président, en promettant 10.000 créations d’emplois dans la seule branche production d’EDF pour les cinq années à venir.

Puis il cajole. “Je n’accepterai jamais qu’on monte les agents du privé contre les agents du public (…) vous n’êtes pas des nantis !”

Mais le discours reste ferme. “La question de l’harmonisation de 37 ans et demi vers 40, on ne peut pas y revenir”, pose le chef de l’Etat. Mais “les conditions de travail, les salaires, tout ça c’est ouvert, il y a beaucoup à discuter”, s’empresse-t-il d’ajouter, et “tous les employés garderont leur statut, pour les autres j’ai proposé une discussion”.

Trois quarts d’heure d’hélicoptère plus tard, Nicolas Sarkozy débarque sur le site de stockage GDF de Gournay-sur-Aronde (Oise). Cette fois, il est cueilli par un administrateur CGT, qui s’inquiète de la fusion GDF-Suez.

“Les gens du site sont très attachés à leur entreprise, ils feront tout pour la défendre”, prévient Yves Ledoux.

“GDF a doublé de taille en passant d’une entreprise qui faisait 35 milliards d’euros de chiffre d’affaires à une entreprise qui en fait aujourd’hui 70 milliards (…), ce n’est quand même pas rien”, plaide le président.

Puis il se défend d’avoir privatisé l’entreprise. “Vous pourriez me dire qu’il y a eu privatisation si j’avais utilisé l’argent de GDF pour rembourser le déficit de l’Etat. Mais tout a été réinvesti dans le développement de la boîte”, argumente Nicolas Sarkozy, précisant que “l’Etat reste le principal actionnaire”.

Sur la réforme des régimes spéciaux, le message aux gaziers est le même qu’aux électriciens. “Celui qui vous dit que vous pouvez continuer à dormir tranquille en cotisant 37 ans et demi, il vous ment”, dit le président. “C’est un recul social”, lui répond Yves Ledoux.

Le dialogue n’est pas allé plus loin. Mais Nicolas Sarkozy a promis qu’il le poursuivrait dans les semaines qui viennent.

 12/10/2007 16:56:17 – © 2007 AFP