[14/10/2007 20:34:16] PARIS (AFP) EADS: Lagardère entretient le doute sur le rôle de Villepin qui se défend
S’exprimant pour la première fois dimanche sur l’affaire EADS, Arnaud Lagardère a affirmé que Matignon avait suivi “depuis le début” la vente de sa part dans le groupe d’aéronautique et de défense, entretenant le doute sur le rôle de Dominique de Villepin, qui s’est défendu. Selon le patron du groupe éponyme et coprésident du conseil d’administration d’EADS, Matignon a été informé à l’avance de son intention de vendre des titres EADS à la banque IXIS CIB en 2006 et de la possibilité qu’une partie soit rachetée par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), organisme public. Lagardère a vendu en avril 2006 la moitié de sa participation dans EADS à terme, 2,25% étant rachetés par la CDC. Deux mois après, EADS annonçait des retards de livraison pour l’A380, provoquant un effondrement du cours de Bourse. Dans cette affaire, M. Lagardère se défend de tout délit d’initié alors que l’Autorité des marchés financiers soupçonne des actionnaires et des dirigeants d’EADS d’en avoir commis. “Matignon a suivi l’opération depuis le début”, assure M. Lagardère, proche du président de la République Nicolas Sarkozy, dans un entretien au Journal du Dimanche, détenu par son groupe, citant une note envoyée fin février 2006 par son groupe à Bercy et à Matignon, évoquant la CDC comme possible repreneur d’une partie de sa part dans EADS. “Cette note était un descriptif de l’opération que nous avons envoyé aux services du Premier ministre parce qu’ils nous l’avaient demandé. Elle contenait une liste d’investisseurs susceptibles d’être intéressés à long terme dont, parmi d’autres, la CDC”, explique M. Lagardère. Et de poursuivre: “Dès janvier 2006, mes collaborateurs ont eu des réunions répétées et à haut niveau concernant l’opération avec les services du Premier ministre”. L’ancien Premier ministre avait pourtant affirmé mercredi n’avoir “jamais été saisi de ce dossier ni par M. Lagardère, ni par le directeur de la Caisse des Dépôts”.
Interrogé dimanche lors du Grand jury RTL/Le Figaro/LCI, M. de Villepin a reconnu que Bercy et Matignon avaient été informés à l’avance par M. Lagardère de son intention de céder des titres EADS. Mais il a tenu à préciser qu’il fallait distinguer cette “première étape” de la “deuxième opération”, concernant “les conditions d’achat par la Caisse des dépôts de ces titres” à propos de laquelle il a réaffirmé n’avoir “jamais été informé par la Caisse des dépôts”. M. de Villepin a également reconnu qu’une “note mémorandum” avait été envoyée par Lagardère “à Bercy, au début de l’année 2006, comme aux services de Matignon”. “Cette note évoquait l’intérêt d’un groupe d’investisseurs (…), dont la Caisse des dépôts”, a-t-il dit, mais “il n’y avait là rien de particulier qui puisse alerter les services de l’Etat”. De leur côté, les responsables de la CDC avaient assuré mardi que le gouvernement n’avait pas été “informé” de cette opération. Selon un rapport interne au ministère des Finances, ce mémo, aurait “été remis par le cabinet du ministre” de l’Economie, Thierry Breton, à l’Agence des participation de l’Etat (APE), avant une réunion le 20 mars avec Lagardère. Alors que ses déclarations entretiennent le doute sur le rôle de Matignon dans cette affaire, M. Lagardère ne revient pas sur celui du ministre de l’Economie de l’époque, Thierry Breton, qui a assuré avoir “appris par la presse” la vente de titres à la CDC. De son côté, le Premier secrétaire du PS, François Hollande, a de nouveau réclamé dimanche la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur “le rôle de l’Etat dans l’affaire EADS”. |
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