L’herbe est forcément plus verte ailleurs

Par : Autres

L’herbe est forcément plus verte ailleurs

Le problème n’est pas entièrement entre les mains
des entreprises et des autorités tunisiennes. Il y a une demande européenne
née d’un déficit structurel de jeunes compétences dans la “vieille” Europe
et d’une désaffection des ingénieurs européens pour les carrières
“techniques”. Il y a aussi une demande plus inquiétante de managers et de
compétences confirmées dans les pays du Golfe où les pétrodollars et les
grands projets abondent.

Parlons des jeunes … Beaucoup de jeunes compétences tunisiennes seront
toujours tentées par une aventure en Europe. Personne en Tunisie n’y
changera rien. Beaucoup seront même davantage tentés par un travail
sous-qualifié en Europe plutôt qu’un travail intéressant en Tunisie.
Pourquoi ? Parce que c’est un phantasme solidement ancré en nous … L’herbe
est forcément plus verte ailleurs.

Que faire pour minimiser les effets néfastes de cette mobilité ? Comment en
tirer quelques avantages pour le pays alors que nos partenaires européens
nous font subir leur “immigration choisie” ? A mon avis, la Tunisie doit se
doter d’une double stratégie :

1- Expatriation choisie : créer toujours plus d’opportunités en Tunisie
(pour le secteur TIC : aider à la croissance de champions locaux et
promouvoir l’implantation de grandes SSII étrangères et éditeurs). Renforcer
l’attractivité locale et la compétitivité salariale sur les profils
expérimentés (charges, impôt sur les revenus).

2- Impatriation choisie : Renforcer les liens entre les réseaux de
compétence à l’étranger avec le pays et aider les Tunisiens à l’étranger à
percer encore plus là où ils se trouvent (cf. l’exemple de l’ATUGE). Créer
des mécanismes d’encouragement au retour … un FCR compétences … (par
exmeple : 0 charge pour les entreprises tunisiennes qui rapatrient des
compétences tunisiennes confirmées de l’étranger pendant la première année
… ).

Pour la Tunisie, ce que nous appelons “fuite des compétences” pourrait être
une opportunité pour peu que nous soyons capables de raisonner attractivité
pour les compétences sur le modèle de l’attractivité pour les IDE. Mais je
reviens pour finir sur la notion de “lien affectif” que vous citez pour dire
combien il est réel (et je parle en connaissance de cause) et combien il est
insuffisant.

Les compétences ne se retiennent pas par la dette affective envers la
patrie. Ce qui fera toujours la différence entre chez soi et chez les autres
c’est la notion de responsabilité et le degré d’implication. Ma maison
pourrie est ma maison et c’est à moi qu’il revient de faire des travaux pour
l’améliorer…, l’hôtel 5* où j’ai passé un mois est un lieu de passage…
Les compétences tunisiennes doivent sentir que la patrie c’est eux et que
son avenir c’est encore eux. La nuance est de taille. Les compétences n’ont
pas besoin de se sentir redevables envers la patrie. Le pays ne peut pas
être une “prison affective” où on réside par obligation. Amicalement.

Amine Aloulou


Réaction à l’article :
Fuite des compétences : Cartes sur table… !

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