[15/10/2007 18:34:08] PARIS (AFP) Mis à mal par l’enquête sur les sommes colossales prélevées sur des comptes de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), son président Denis Gautier-Sauvagnac a dû renoncer lundi à son rôle de négociateur du Medef avec les syndicats sur le marché du travail. L’information est tombée sous la forme d’un communiqué laconique du mouvement patronal à l’issue de son conseil exécutif, dont M. Gautier-Sauvagnac est l’un des principaux membres. Ce dernier “a proposé de se mettre en retrait de la négociation sur la modernisation du marché du travail”, indique le communiqué. Il “continue de présider la commission Relations du travail et politique de l’emploi et d’apporter son expérience et sa compétence aux travaux du conseil exécutif”. Denis Gautier-Sauvagnac, surnommé “DGS”, a quitté le siège du Medef peu après 17H00 et s’est engouffré dans sa voiture en se refusant à toute déclaration. Seul parmi les membres du conseil à s’exprimer devant la presse, Charles Beigbeder, fondateur et PDG du groupe énergétique Poweo, s’est dit “soulagé en raison de la surmédiatisation” de l’affaire. Dans son communiqué, le Medef a également indiqué que sa présidente Laurence Parisot désignerait “dans les tout prochains jours, parmi l’équipe actuelle de négociateurs, le prochain chef de file” chargé de prendre la relève de M. Gautier-Sauvagnac dans la négociation sur “la modernisation du marché du travail”. La décision pourrait être annoncée dès mardi matin à l’occasion de la conférence de presse mensuelle de Mme Parisot, qui avait été élue en 2005 contre le représentant de l’UIMM. Parmi les noms avancés pour succéder à M. Gautier-Sauvagnac, celui de Cathy Kopp, membre de la délégation patronale des négociateurs et directrice des ressources humaines du groupe Accor, est le plus souvent cité. Mis en cause dans une affaire de retraits suspects dans les caisses de l’organisation qu’il dirige (pour un montant d’environ 17 millions d’euros entre 2000 et 2007), M. Gautier-Sauvagnac a reçu ces derniers jours le soutien de plusieurs personnalités de la fédération qu’il dirige, la plus puissante du Medef. Mme Parisot, qui s’est peu exprimée depuis le début de cette affaire, avait jugé la semaine dernière “absolument aberrant que certaines organisations syndicales et professionnelles n’aient pas de comptes certifiés”. “La voie est évidente: il faut aller à la fois vers une gouvernance plus démocratique (…) et vers plus de transparence financière”, avait-elle ajouté.
Les syndicats ont espéré lundi que le retrait de Denis Gautier-Sauvagnac des négociations sur le marché du travail, où il était le chef de file du Medef, ramènerait de la sérenité dans ces discussions, et appelé à des réformes du financement et de la représentativité des partenaires sociaux. Selon Marcel Grignard (CFDT), interrogé par l’AFP, ce retrait “lève une hypothèque sur une négociation très importante pour les salariés”, car “la crédibilité des acteurs est essentielle pour sa réussite”. Toutefois, la décision de M. Gautier-Sauvagnac “ne règle pas le problème de fond” et il faut “que la justice aille jusqu’au bout, que le patronat de la métallurgie dise à quoi servait cet argent” retiré en liquide de ses caisses, a estimé M. Grignard. Au-delà, il a insisté sur la nécessité de changer la loi sur le financement des organisations patronales et syndicales “pour les obliger à publier des comptes transparents” et “ouvrir comme convenu une négociation sur la représentativité”. Interrogée lundi par l’AFP, Maryse Dumas (CGT) a rappelé la demande écrite, vendredi, de Bernard Thibault au patronat “d’engager rapidement des négociations sur l’évolution des règles de représentativité et de validation des accords”. Mme Dumas a souligné que le remplacement du principal négociateur patronal ne changeait “rien à cette exigence” de réforme. De son côté, Gabrielle Simon (CFTC) a jugé nécessaire “une réforme du mode de financement des organisations syndicales pour qu’il n’y ait plus de procès d’intention à leur encontre”. Mme Simon s’est interrogée sur le nom du remplaçant de M. Gautier-Sauvagnac, “parce que l’important est de négocier sur la modernisation du marché du travail”, ajoutant qu’il fallait “que justice soit faite”. Bernard Van Craeynest (CFE-CGC) a salué “une décision empreinte de sagesse” au vu d’un dossier qui privait M. Gautier-Sauvagnac de “la sérénité nécessaire pour conduire” la négociation. Il a espéré que les partenaires sociaux pourraient “continuer à travailler le plus sereinement possible” en vue d’un “accord global” sur les questions de chômage et d’emploi. A FO, Michèle Biaggi a toutefois estimé que le retrait de M. Gautier-Sauvagnac ne “changeait pas grand chose pour les négociations avec le Medef”, soulignant qu'”un seul homme” ne faisait pas “la politique d’une organisation”. |
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