[15/10/2007 20:18:43] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international a brutalement tourné casaque lundi, estimant que le dollar, que beaucoup jugent trop faible, est encore surévalué. “Nous estimons toujours que le dollar est surévalué” et “nous pensons qu’il a encore de la marge pour se déprécier”, a indiqué lundi son directeur général Rodrigo Rato, lors d’un point de presse tenu à quelques jours de la réunion des ministres des Finances du Groupe des Sept (G7) pays les plus industrialisés. Il y a à peine une semaine, M. Rato, qui quitte ses fonctions à la fin du mois, affirmait que “le dollar est actuellement sous-évalué”. C’était dans une interview au Financial Times, publiée le jour de la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe). En faisant ses adieux à la presse, lundi, M. Rato a ajouté que “l’euro est très proche de son point d’équilibre”. L’ancien ministre espagnol des Finances a expliqué que ses derniers commentaires s’appuyait sur des analyses “à moyen terme”, c’est à dire sur plusieurs années. M. Rato a souligné que ce potentiel supplémentaire de baisse du dollar s’entendait alors que le billet vert s’était déprécié “de façon assez substantielle” au cours des deux dernières années. Ses propos – qui viennent à l’appui de l’analyse du département américain au Trésor, qui affirme régulièrement la “force” de son dollar – interviennent en pleine controverse américano-européenne sur les changes. Les grands argentiers du G7 doivent se retrouver vendredi à Washington et il est entendu que les taux de changes des monnaies, et notamment la faiblesse du dollar par rapport à l’euro, se taille la part du lion lors de cette réunion. Le G7 regroupe les Etats-Unis, le Japon, le Canada, le Royaume-Uni ainsi que trois pays de la zone euro, la France, l’Allemagne et l’Italie. Lancé à l’origine en 1999 à 1,17 dollar, l’euro a récemment dépassé pour la première fois le seuil de 1,42 dollar. Cette appréciation pénalise les exportations des entreprises européennes. La croissance pourrait ralentir en 2008 dans la zone euro en raison de l’euro fort, a déclaré mercredi le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker. Mais les Européens ont du mal à faire entendre un message unifié sur l’euro fort, certains pays comme l’Allemagne ne partageant pas les inquiétudes de la France ou de l’Italie. Lundi dernier, les ministres des Finances de la zone euro ont concentré leurs critiques sur la Chine, faute de pouvoir se mettre d’accord sur un message dur à l’encontre des Etats-Unis ou du Japon. Les Etats-Unis pour leur part ne dévient pas d’un pouce, et font valoir, pour leur défense, les efforts réalisées en matière de réduction de déficits. Interrogé vendredi sur la faiblesse du dollar, le secrétaire américain adjoint au Trésor, Robert Kimmitt, s’est contenté de répondre que les taux de change devraient refléter les “fondamentaux économiques”. En visite à Bruxelles, il a souligné que les Etats-Unis “reconnaissent la nécessité d’aborder la question de leur déficit budgétaire et des comptes courants” et que les autres pays, notamment la Chine, doivent aussi “reconnaître leur responsabilité” dans les déséquilibres monétaires mondiaux. Au cours de l’année fiscale 2007, les Etats-Unis ont réduit leur déficit budgétaire à 163 milliards de dollars contre 248 milliards en 2006. |
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