[16/10/2007 09:54:05] MOSCOU (AFP) Un nombre croissant de compagnies en Russie essaient de tirer profit du symbole politique le plus fort du pays avec un nouveau label, celui de “Fournisseur officiel du Kremlin”. “Cela nous aide à faire la publicité de notre produit. Cela nous donne une position unique sur le marché”, se félicite Vassili Dmitriev, porte-parole du fabricant de vodka Russky Brilliant (“Diamant russe”). “Fournisseur officiel du Kremlin”, peut-on lire sur l’étiquette de cette vodka, une spécificité également vantée dans les publicités de la marque. Cette vodka a reçu le précieux titre l’année dernière, après différents tests de qualité et une contribution – au montant non dévoilé – à la Guilde des fournisseurs du Kremlin, une organisation non-gouvernementale créée en 2004. Recevant dans ses bureaux dans un palais de Moscou, Igor Pototsky, vice-directeur de la Guilde, voit le rôle de son organisation comme un stimulateur de la qualité des produits russes, afin de diversifier une économie qui dépend encore essentiellement de la production de brut. “L’économie russe veut être compétitive. Mais si elle ne peut pas être compétitive sur la qualité, elle continuera à dépendre des prix de l’énergie”, dit-il. En avril 2007, 17 compagnies – russes et étrangères – ont reçu le précieux titre lors d’une cérémonie en grande pompe au Kremlin, près de deux fois plus qu’en 2005. Ce label ne signifie pas pour autant que le président Vladimir Poutine utilise ces produits. Mais il évoque les produits de qualité supérieure qui étaient réservés aux élites du Kremlin à l’époque de l’URSS, explique M. Pototsky. “Dans notre société, le Kremlin incarne l’élite. La valeur de ‘produit de l’élite’ peut être attirante pour les masses”, explique un publicitaire, qui préfère garder l’anonymat. Le titre de “Fournisseur de la Cour de Son Altesse impériale” existait déjà en Russie à l’époque tsariste, avant d’être aboli après la révolution de 1917. Le concept a été remis au goût du jour avec le label “fournisseur officiel du Kremlin” dans le cadre d’une plus large réutilisation des symboles de l’époque tsariste sous Vladimir Poutine, comme l’aigle impérial à double tête. “Il y a des choses qui ne devraient pas disparaître”, confirme M. Pototsky. La compagnie hollandaise Heineken, qui a racheté une brasserie historique de Saint-Pétersbourg qui fournissait la cour impériale avant 1917, a ainsi été acceptée dans la Guilde l’an dernier. “Heineken Russie est fier de de faire revivre une tradition historique”, se félicite la compagnie. La liste des fournisseurs officiels du Kremlin est un étrange mélange alliant marque bulgare de cosmétiques, fabricant de vin grec ou encore producteur de roses russo-néerlandais. Natalia Dromova, porte-parole de la firme bulgare BRK Cosmetics, semble peu s’émouvoir de l’intégration cette année de sa marque à la précieuse Guilde. “Le fait que nous soyons fournisseur n’est qu’une confirmation de notre position sur le marché”, minimise-t-elle, tout en précisant que le label sera inscrit sur les emballages de ses produits. D’autres utilisent la marque Kremlin sans faire partie de la prestigieuse Guilde, comme ce fabricant de “pilules du Kremlin”, vantées comme miraculeuses, qui publie des encarts publicitaires dans des journaux populaires russes. “Ce médicament jadis secret, un électro-stimulateur qui a soigné l’élite du parti communiste d’URSS, est désormais accessible à un plus large public”, dit la publicité. “La pilule du Kremlin vous soignera”. |
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