Encore convalescent, le marché monétaire reprend sa respiration

 
 
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Une employée de banque compte des dollars américains à Taipei, le 22 juillet 2007. (Photo : Sam Yeh)

[16/10/2007 13:24:48] PARIS (AFP) Objet de très vives tensions ces dernières semaines, consécutives à la crise financière, le marché monétaire international retrouve doucement des couleurs sans pour autant se normaliser complètement.

“Ce n’est pas magnifique, mais c’est moins mauvais qu’il y a dix jours”, reconnaît un banquier, sous couvert d’anonymat, au sujet de la situation du marché interbancaire, sous-ensemble du marché monétaire.

La crise du marché américain des crédits immobiliers à risque, dits “subprime”, survenue au début de l’été, avait engendré une crise de confiance sans précédent, qui avait largement dissuadé les banques de se prêter entre elles, menaçant de perturber le financement de l’économie.

Les conséquences exactes de la crise financière pour les banques n’étant pas encore connues avec précision, prêter à un autre établissement revenait à prendre un risque plus élevé qu’à l’habitude, sentiment qui se traduisait par la flambée des taux d’intérêt sur le marché monétaire.

Mais depuis quelques jours, les taux du marché monétaire, sur les échéances allant du jour le jour jusqu’à trois mois, ont sensiblement baissé, même s’ils se situent encore à des niveaux anormalement élevés.

“L’intervention des banques centrales et leur insistance sur la question de la liquidité a permis de normaliser un peu les choses”, estime Valérie Plagnol, stratégiste obligataire au Crédit Mutuel CIC.

La Banque centrale européenne a ainsi injecté dans le circuit monétaire plusieurs dizaines de milliards d’euros entre le 9 août et le 25 septembre, jouant pleinement son rôle de prêteur en dernier ressort.

Les banques commerciales ont également contribué à l’apaisement relatif en jouant ostensiblement la carte de la transparence. Plusieurs semaines avant la publication de leurs résultats, les suisses UBS et Credit Suisse, ainsi que l’américaine Citigroup ont donné aux marchés un aperçu des dégâts enregistrés au troisième trimestre.

“La sortie de crise (pour les banques, ndlr) est entrevue par les marchés, mais pour voir une véritable sortie, il faudra certainement attendre le début de l’année prochaine et la publication des résultats” annuels, tempère néanmoins Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.

S’il semble qu’un “mauvais résultat de banque ne suffise pas” à déstabiliser le marché monétaire, ce dernier n’est toujours pas à l’abri d’une “annonce de défaillance, comme Northern Rock”, selon Mme Plagnol.

Par ailleurs, l’initiative des plus grandes banques américaines de créer une structure commune susceptible de restaurer la liquidité sur le marché des dérivés de crédit, annoncée lundi, peut aussi renforcer la fluidité du marché monétaire.

“C’est de nature à redonner confiance à l’ensemble du système, en mutualisant le risque et la perte entre les principaux acteurs du marché”, considère Mme Plagnol.

Quant aux craintes de répercussions sur le financement de l’économie, largement assuré par les banques, la visibilité est encore faible mais il semble que “la crise bancaire n’a pas donné lieu à une contraction majeure du crédit, même s’il y a des signes de ralentissement”, pour Mme Plagnol.

La crise financière a ainsi modifié l’appréciation du risque ce qui, conjugué à la hausse des taux d’intérêt entamée il y a deux ans par les banques centrales américaine et européenne, a changé la donne.

“Il semblerait qu’on ait échappé au pire, mais les conditions de crédit ne seront plus les mêmes” qu’avant la crise, affirme Mme Plagnol.

 16/10/2007 13:24:48 – © 2007 AFP