[16/10/2007 18:12:52] PARIS (AFP) Le projet de budget 2008 est “sérieux”, “sincère” et “ambitieux”, a affirmé le gouvernement mardi au premier jour de son examen à l’Assemblée, tandis que l’opposition a multiplié ses angles d’attaque par la voix du président PS de la commission des Finances. “Oui, nous avons fait le choix d’une baisse modérée des déficits en 2008 parce que nous voulons rétablir les conditions d’une croissance forte en France”, a lancé Eric Woerth, ministre du Budget, en ouvrant les débats à l’Assemblée nationale. M. Woerth a assuré que les objectifs de stabilisation des déficits de l’Etat (41,7 milliards d’euros) et des administrations publiques (2,3% du PIB) seraient “tenus”, “parce que notre prévision de croissance est très raisonnable”, “parce que nous avons fait des prévisions de recettes volontairement prudentes” et “parce que nous faisons un effort sans précédent pour maîtriser la dépense”. C’est un “budget sincère”, a-t-il martelé. Christine Lagarde, ministre de l’Economie et des Finances, a ensuite défendu un projet qui allie “une gestion rigoureuse de nos finances publiques et la recherche d’une croissance vigoureuse”. Mme Lagarde a une nouvelle fois maintenu son hypothèse de croissance dans une fourchette de 2% à 2,5%, “avec un point médian à 2,25%”. Elle s’est voulue rassurante sur l’impact de la crise des marchés financiers sur l’économie française. “Je ne pense pas que les tensions récentes sur les marchés hypothèquent sérieusement la croissance française”, a-t-elle dit. Selon le rapporteur général Gilles Carrez (UMP), ce budget va amortir le coût du paquet fiscal (exonération partielle des heures supplémentaires, bouclier fiscal, déductibilité des intérêts d’emprunt immobilier…), estimé pour 2008 à 9 milliards d’euros. Dans son rôle institutionnel de président de la commission des Finances, le fabiusien Didier Migaud a procédé à une critique en règle du “budget de continuité et non de rupture” de l’UMP. Le député de l’Isère a ironisé sur le “triple déficit” (travail, compétitivité, efficacité publique) évoqué par M. Woerth: “qui gouvernait notre pays avant l’élection présidentielle? En cherchant bien, je retrouve Mme Christine Lagarde (actuelle ministre de l’Economie) et M. Woerth (ndlr: jusqu’en 2005). Je trouve que vous allez très loin dans l’exercice d’autocritique!”. Sur le fond, M. Migaud s’est interrogé sur l’efficacité du paquet fiscal. Il a souhaité une réforme de l’impôt sur le revenu pour en faire un impôt “citoyen” et “équitable” et regretté que le gouvernement ait “fermé le débat sur l’impôt minimal alternatif”: “il n’est pas normal qu’avec des revenus confortables, on échappe à l’impôt sur le revenu”. “Votre optimisme n’est pas partagé par beaucoup d’économistes (…) Je ne savais pas qu’on faisait un budget en croisant les doigts”, a-t-il lancé à Mme Lagarde. Seule la réforme du crédit impôt recherche à destination des entreprises innovantes a trouvé grâce à ses yeux. Après avoir interpellé en anglais Mme Christine Lagarde, ex-avocate d’affaires à Chicago, Jean-Pierre Brard (app-PCF) a dénoncé en bon français “le régime des injustices et des fins de mois difficiles”, accusant le gouvernement de “tarir les recettes”. Les députés ont sans surprise rejeté en fin d’après-midi une motion d’irrecevabilité déposée par l’opposition. |
||
|