[17/10/2007 12:41:27] PARIS (AFP)
Le groupe EADS, qui sort à peine de la crise industrielle de l’Airbus A380, s’est résolu à annoncer mercredi un retard de livraison de six à douze mois, de 2009 à 2010, de l’avion de transport militaire A400M , impatiemment attendu par les armées européennes. Les dirigeants de la maison mère d’Airbus avaient déjà admis des retards de six mois du démarrage de la chaîne d’assemblage de Séville, ouverte finalement en août 2007, et du premier vol, repoussé à l’été 2008. Mais ils maintenaient la date d’octobre 2009 pour les premières livraisons, destinées à l’Armée de l’air française. EADS a annoncé que les premières livraisons de l’A400M seraient “retardées de 6 mois”, avec un “risque de glissement supplémentaire de six mois” en raison notamment de “la lente progression du développement du moteur”. Au-delà du coût de ces reports pour le groupe européen, qui a déjà provisionné 352 millions d’euros, ce retard met en lumière la difficulté des industriels à tenir les délais des programmes aéronautiques de haute technologie, quelques jours après l’annonce par Boeing d’un retard similaire du 787 Dreamliner. Il rappelle aussi que les programmes militaires en coopération internationale ont régulièrement encore plus de mal à s’inscrire dans un calendrier, comme l’avion de combat Eurofighter (anglo-germano-italo-espagnol) dans les années 90 ou, plus récemment, l’hélicoptère de transport européen NH90 (franco-germano-italo-néerlandais). Le consortium Airbus Military, responsable de la construction de l’A400M, regroupe Airbus (64,8%), la société espagnole EADS-Casa (25,8%), le Turc TAI (5,2%) et le belge Flabel (4,2%). Le tout nouveau moteur turbopropulseur “TP400”, portant des hélices à 8 pales, est développé par la société EPI, créée par les quatre principaux motoristes européens (le français Snecma, l’allemand MTU, le britannique Rolls-Royce et l’espagnol ITP).
EPI a implicitement reconnu les difficultés en changeant de patron au début octobre et en annonçant un “rôle accrû” de Rolls-Royce et Snecma “pour renforcer la gestion du programme”. La France et l’Allemagne, les plus gros clients du quadrimoteur, en ont un besoin urgent pour renouveler des flottes de Transall vétustes. “Un an, c’est le maximum que nous pouvons supporter sans grosses difficultés”, indiquait récemment un responsable de l’armée de l’air française cité par le magazine spécialisé Air et Cosmos. L’avion-cargo est le plus important programme industriel militaire jamais mené en coopération européenne. Il est né officiellement en mai 2003 avec la signature par sept pays européens d’une commande ferme de 20 milliards d’euros pour 180 appareils à livrer entre 2009 et 2012. L’Allemagne en a commandé 60, la France 50, l’Espagne 27, le Royaume-Uni 25, la Turquie 10, la Belgique 7 et le Luxembourg 1, dans le cadre d’un contrat signé par l’agence européenne Occar (Organisation conjointe de coopération en armement). Avec huit appareils supplémentaires pour l’Afrique du Sud et quatre pour la Malaisie, le nombre des commandes ferme s’élève désormais à 192 unités, et le consortium table sur 200 commandes supplémentaires dans le monde. EADS a précisé que le nouveau calendrier concernerait tous les clients. |
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