Allemagne : les trains à nouveau très perturbés par la grève

 
 
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Des usagers à Cologne, le 12 octobre 2007 (Photo : Henning Kaiser)

[18/10/2007 15:52:48] BERLIN (AFP) Les chemins de fer allemands ont à nouveau été fortement perturbés jeudi matin par une troisième grève en deux semaines, nouvelle étape d’un conflit qui commence à lasser les usagers.

Selon la direction de la société publique Deutsche Bahn, les voyageurs ont dû se contenter d’un peu plus d’un train sur deux sur les liaisons régionales et le S-Bahn (trains de banlieue) des grandes agglomérations, lors de ce mouvement entamé dans la nuit et qui s’est achevé à 11h00 locales.

Comme les précédents, ce mouvement n’a pas affecté les grandes lignes, du fait d’une décision de justice qui a interdit cette possibilité aux grévistes.

La grève, qui a entraîné par ricochets d’importants bouchons dans les grandes villes, était plus suivie dans les régions de l’Est du pays – où 80% des trains régionaux ont été annulés dans certaines zones – que dans les grands centres industriels de l’Ouest.

En comparaison avec la situation en France – qui subissait également jeudi, du fait d’une coïncidence des dates, une grève très suivie dans les transports – les conséquences de ce conflit, dans un pays où environ 10 millions de passagers prennent le train chaque jour, restent modérées.

Mais la direction de la société publique Deutsche Bahn (DB) a fait part de son exaspération face au syndicat des conducteurs de trains GDL, qui mène la fronde depuis deux semaines pour obtenir, à rebours de la tradition sociale à l’allemande, une convention collective séparée pour les conducteurs.

“Il est insupportable qu’un petit groupe de quelque 1.400 grévistes dans tout le pays essaye de paralyser l’Allemagne”, s’est emporté Karl-Friedrich Rausch, directeur du transport de passagers à la DB. Evoquant la perception de la grève par les usagers, il a estimé que “la colère et la mauvaise humeur vont croissantes, au détriment de GDL”.

De fait, un sondage semble lui donner raison: il y a deux semaines, 57% des Allemands disaient avoir de la compréhension pour les revendications des conducteurs. Mardi, ils n’étaient plus que 43%, contre 55% qui portaient un regard critique sur la grève, selon un sondage de l’institut Forsa.

Or la grogne pourrait encore prendre de l’ampleur dans les jours à venir. Le journal populaire Bild faisait ses choux gras jeudi du départ soudain de Manfred Schell, le patron du syndicat GDL. En plein tourmente sociale, le chef de file des grévistes a subitement délégué la conduite des négociations à son adjoint, avant de s’éclipser pour trois semaines… pour une cure au bord du lac de Constance. “Il paralyse l’Allemagne… et lui-même va paresser en cure”, s’insurge Bild.

Le gouvernement lui-même, par la voix du ministre des Transports Wolfgang Tiefensee, est monté au créneau jeudi, s’inquiétant des “importantes conséquences (du conflit) sur l’économie du pays”.

Même le Parti social-démocrate (SPD) a tourné le dos à la revendication de GDL d’obtenir une convention collective spécifique pour les conducteurs – une hypothèse fermement rejetée par la direction de la Bahn, qui ne veut pas créer un précédent et craint que cela menace la paix sociale.

Le président du SPD, Kurt Beck, a abondé jeudi dans le même sens. “Si les choses continuent comme ça, nous allons avoir une situation (…) où chaque groupuscule forme son propre syndicat et essaye d’imposer ses intérêts particuliers. Je crois que nous devons éviter ça”, a-t-il déclaré.

Jeudi, une porte-parole de GDL a précisé que les grévistes en resteraient là… pour cette semaine. Mais le conflit pourrait encore se traduire par de nouveaux arrêts de travail la semaine prochaine. “Notre base nous demande de pouvoir débrayer désormais de manière illimitée”, a dit à la télévision n-tv l’un des dirigeants du syndicat, Günther Kinscher.

 18/10/2007 15:52:48 – © 2007 AFP