Faut-il ou non une fondation ATUGE ? Si oui, quelle sera sa vocation ?
Quelle sera sa mission ? Quel nom portera-t-elle ? Comment la créer ? Au
final, pourquoi une fondation tunisienne?
C’est autour de toutes ces questions et bien d’autres que les membres de l’ATUGE
ont convié à quelques personnes –Ahmed Marrakchi, Tahar Ben Lakhdar, Mansour
Baati, Mongi Goaïed…-, au cours d’une soirée ramadanesque, le 10 octobre
2007 au Sheraton Tunis.
L’invité d’honneur, le professeur Chadly Ayari, tout en admettant n’être pas
un spécialiste des fondations, affirme adhérer totalement à l’esprit du
projet, mais émet, au passage, beaucoup de réserves par rapport au continu
du texte qu’on lui a soumis.
Si le nom que portera cette fondation –si jamais elle voyait le jour- fait
presque l’unanimité, sa mission suscite, au sein même de l’ATUGE, quelques
interrogations. Alors qu’en général les fondations sont par essence
caritatives, là on parle d’une fondation qui va octroyer des ‘’bourses
remboursables’’ à des étudiants nécessiteux. Curieusement, dans le projet,
il est clairement fait mention que ‘’la Fondation ATUGE est une association
caritative’’.
N’empêche, mais nous pensons qu’il serait intéressant de cerner au mieux
l’objet social –et non économique- de la future fondation, car si celui-ci
est clairement défini, il ne fait pas de doute que les ressources
financières nationales et internationales ne manqueront pas de se
manifester.
Par ailleurs, on dit que ce serait normal que cette fondation porte le nom de
Mouktar Attiri. Certes, mais qu’on le veuille ou non, ce nom est intimement
lié aux grandes écoles, c’est-à-dire aux écoles d’ingénieurs, ce qui exclut
de facto tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans ces écoles. Surtout
qu’on nous dit en même temps qu’il ne s’agira pas d’une fondation ATUGE,
mais qui le sera sous ses auspices….
Peu importe là aussi de l’appellation que va porter cette fondation.
Toutefois, partout ailleurs dans le monde, que ce soit en France, en
Allemagne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, les fondations ont toujours été
liées à des grandes personnalités au sens large du terme. Maintenant, la
question qu’il faudrait se poser c’est de savoir si le nom de Si Mouktar
ATTIRI répond à cette notion.
A tout ceci s’ajoute bien évidemment le contexte ou réalité juridique de la
création d’une fondation en Tunisie. Est-ce que notre législation contient
cette notion, sinon comment faire pour éviter que cette future association
empiète sur le domaine d’autres associations ? En tout cas, sur ce point Si
Chadly Ayari a indiqué la marche à suivre et délimité les domaines
d’intervention de la future fondation. Mais le professeur avertit que,
souvent, les certaines bonnes choses ne peuvent s’accomplir que dans la
douleur, voire dans la folie, telle que, par exemple, la création de l’Ecole
nationale d’ingénieur de Tunis, bâtie -avec le concours de feu Mouktar
ATTIRI- sans l’autorisation de la présidence tunisienne alors qu’il était
ministre de l’Education nationale. ‘’C’était plus que de l’audace, de la
folie’’, reconnaît-il. Mais est-ce que la création d’une fondation a de la
même importance ou du même intérêt qu’une école ? La réponse est sans aucun
doute non.
Enfin, suite à la rencontre du 10 octobre 2007, il a été constitué un comité
de réflexion de 4-5 personnes sur toutes ces questions.