Avec la disparition d’Ali Faouzi Gahbiche, la publicité tunisienne perd
l’une de ses figures les plus marquantes qui avaient contribué, à l’aube de
l’Indépendance, à la naissance de ce nouveau métier. Les cinéphiles se
rappellent de ses génériques rythmés qui annonçaient, en prélude des grands
films, l’ancêtre des spots télévisés de nos jours. Une flèche crève l’écran
et la voix entonne : pour atteindre votre cible, «Promoventes Publicité».
Triste fin d’une époque, diront les nostalgiques.
Fraîchement émoulu dès le début des années 60 de ses études en Droit à
Bordeaux, ce fils de notaire de renommée à Sousse est coopté au Cabinet du
secrétaire d’Etat au Plan et aux Finances où il fit ses premières armes.
Cinéphile, mélomane, poète, amateur d’art et de vie, il rejoint rapidement
l’Agence tunisienne de publicité, l’organisme public créé en 1963 pour
exercer le monopole de l’Etat sur la publicité. Sous la présidence de Si
Amor Belkhiria, Directeur de La Presse et patron de l’ATP, il s’adonne alors
sans relâche à sa passion. Mai 1971, le monopole, aboli, est remplacé par un
agrément, il fut le premier à obtenir son agrément le 7 mai 1973, et à créer
sa propre agence, suivi feu Hassouna Gharbi et autres Salah Majeri.
On lui doit alors beaucoup d’innovations, pour l’époque et jusqu’à ce jour :
de superbes campagnes presse, affichage et films pour les salles de cinéma.
Il développe, le premier, un réseau de panneaux peint fixes, puis
d’affichage urbain en 1m60 x 2m40, puis les grandes palissades. Toujours
pionnier, il n’a laissé aucun domaine sans l’explorer… jusqu’à son dernier
soupire. En bon publicitaire, aucun art ne lui avait échappé, aucune
intelligence vive, aucune dérobade habile pour séduire le chaland. On lui
doit aussi, la création en 1975, du premier syndicat des agences de
publicité qu’il a présidé durant une vingtaine d’années.
Ses gags sont mémorables, ses batailles sont célèbres, ses soirées musicales
aussi. Jamais à genoux, toujours debout, il savait rebondir et trouver la
bonne entrée et la bonne sortie. De lui, nous garderons le souvenir d’une
élégance raffinée, d’une vaste culture, et de tout un art poussé de la
publicité. A nouveaux temps, nouvelles pratiques. En rendant l’âme, il fait
tourner à jamais toute une page de publicité.
Qu’il repose en paix.
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