[19/10/2007 17:49:25] PARIS (AFP) Déterminée à redresser sa branche fret en difficulté, la SNCF s’est donné comme modèle les chemins de fer allemands, qui sont parvenus en quelques années à faire du transport de marchandises une activité rentable, au prix d’une restructuration drastique. L’opérateur ferroviaire historique allemand, la Deutsche Bahn (DB) a redressé son fret, “c’est exactement la même chose que nous voulons faire”, affirmait récemment la présidente de la SNCF, Anne-Marie Idrac, auditionnée par des députés pour le Grenelle de l’environnement. Et le directeur du Fret, Olivier Marembaud, d’enfoncer le clou: “La DB a fait une révolution dans les années 2000-2002 qui a fait de sa filiale fret, Railion, l’opérateur de référence en Europe”, tout en reconnaissant que “la restructuration a été dure”. Comme en Allemagne, il s’agit non seulement de sauver le fret de la compagnie nationale mais aussi d’augmenter la part du fret ferroviaire en général, qui représente 11% du marché contre 17% outre-Rhin, selon la SNCF. En 2006, Railion a réalisé un bénéfice de 200 millions d’euros quand Fret SNCF a perdu 260 millions. Pour redresser sa branche fret déficitaire, la DB s’est engagée au début des années 2000 dans un vaste plan: investissements, alliances avec des opérateurs européens, priorité aux lignes les plus rentables. Un sauvetage qui s’est fait au prix de fermeture de gares et de nombreuses suppressions d’emplois. En France, la SNCF a tenté, en vain, de relancer son fret à travers un plan sur trois ans lancé en 2004, qui selon les syndicats a coûté des milliers d’emplois. Confrontée à la concurrence totale depuis le printemps 2006, la compagnie nationale s’est de nouveau engagée cette année dans une relance: se concentrer sur les gros clients, fermer des services non rentables, simplifier l’organisation. Cela devrait se solder par des suppressions de postes, que l’entreprise refuse pour le moment d’évaluer, même si le directeur du Fret a laissé échapper qu’elles pourraient se chiffrer à plusieurs milliers. Les pouvoirs publics comme la SNCF estiment aussi que c’est l’ouverture à la concurrence, effective dès 1994 en Allemagne, qui a permis la relance du fret de la DB et du transport de marchandises par rail en général. Le marché total du fret ferroviaire y a progressé de 12% en 2006, selon la DB, bénéficiant à la fois à l’opérateur historique et aux très nombreuses entreprises privées, qui détiennent aujourd’hui 16% du marché. En France, les privés représentent 3% du marché en 2007 mais comptent pour près de la moitié de la hausse globale du trafic fret au premier semestre, qui a augmenté de 7% selon le ministère des Transports. L’Allemagne a aussi décidé il y a plusieurs années de mieux garantir les horaires et cadences des trains de fret, ce que la France va seulement commencer à mettre en place en 2008, explique Véronique Wallon, directrice de la stratégie chez Réseau ferré de France (RFF), le gestionnaire du réseau français. Le modèle allemand présente aussi quelques limites en raison des différences qui séparent les deux pays quant à leur paysage industriel, beaucoup plus concentré en Allemagne, qui se trouve au coeur des flux européens de marchandises. La DB a aussi fait des choix économiques très polémiques en France. Elle avait en effet particulièrement intérêt à redresser ses comptes et à s’internationaliser (elle a racheté des opérateurs britannique, espagnol, néerlandais…) qu’elle prépare son entrée en Bourse. Elle a aussi filialisé sa branche. Deux éventualités –régulièrement écartées par la direction de la SNCF– qui font bondir les syndicats français. |
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