[20/10/2007 10:34:22] PARIS (AFP) Avec le boum de la construction à travers le monde, des chantiers d’immeubles, de routes ou de barrages sont en panne de grues, les fournisseurs de ces engins n’ayant pas anticipé la frénésie de bâtir constatée en Europe, dans le Golfe Persique ou en Asie ces dernières années. “Actuellement, sur certains chantiers, des entrepreneurs se plaignent de manquer de grues pour construire rapidement un immeuble, un pont ou une route”, constate Philippe Cohet, directeur général de Potain, numéro un dans le monde et filiale de l’américain Manitowoc. Faute de pouvoir disposer de grues en temps et en heure, des entrepreneurs sont contraints de différer leurs programmes immobiliers, confient des experts des BTP. “Nous avons été pris par surprise. Les fabricants, en général prudents en raison du caractère cyclique du marché de la construction, n’ont pas anticipé un boum aussi spectaculaire. Nous avons donc des difficultés à répondre à la demande”, reconnaît M. Cohet. Bernard-Eric Scalabre, responsable du matériel de construction chez Bouygues, constate que “jamais le monde des BTP n’a connu une telle pénurie de grues”. “Aujourd’hui le délai de livraison d’une grue neuve, dont le prix moyen atteint 220.000 euros, se situe entre six et douze mois contre trois mois en 2003”, précise le responsable de Potain. Le délai est d’autant plus long que les fabricants sont confrontés à une pénurie de certains types d’acier et de pneus qui retarde la fabrication des engins. Situation également tendue chez les loueurs, profession née il y a une trentaine d’années et qui, notamment depuis un an, connaît une expansion spectaculaire, grâce aux quelque 420.000 chantiers français (logements, bureaux, écoles ou maisons de retraite). “Chez nous, il n’y a plus aucun engin disponible actuellement”, affirme Bernard Boullet, PDG de Matebat, premier loueur français avec un parc de 540 engins. Après la période noire des années 90, les chantiers se multiplient depuis 2003 aux quatre coins du monde: immeubles d’habitation ou de bureaux en Europe, énormes programmes d’infrastructures en Asie (ponts, viaducs, routes, centrales, barrages en Chine notamment) ou dans le Golfe Persique, enrichissement de pays en développement comme l’Angola ou le Venezuela qui coulent leur manne pétrolière dans le béton. Les spécialistes estiment que la Chine concentre à elle seule 50% des grues de chantier disponibles dans le monde (300.000 environ), et Dubaï qui s’est lancé des travaux pharaoniques 15 à 20%. En France, selon M. Boullet, 13 à 15.000 grues tutoient le ciel. Malgré un très net ralentissement de la construction en Espagne et des signes de fatigue aux Etats-Unis, fabricants et loueurs de grues restent toutefois optimistes pour les années à venir, car de nouveaux marchés s’ouvrent à eux. Notamment à l’est de l’Europe et en Russie où ponts, barrages hydrauliques, routes et chemins de fer font cruellement défaut. Ces perspectives, associées à une nouvelle réglementation (robustesse des engins permettant de résister à des vents de plus de 200 km/h, normes de sécurité) poussent les loueurs à se défaire auprès des pays en développement des vieilles grues (durées de vie moyenne de 25 ans) au profit d’engins dernier cri bourrés d’électroniques. Environ 80% des grues fabriquées par Potain sont acquises par les loueurs, affirme M. Boullet. Le négociant en grues hollandais Hovago Cranes a, quant à lui, exporté son parc de grues (300 unités) à des loueurs installés au Brésil, au Qatar, au Canada ou au Kazakhstan, explique M. Cohet. |
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