La Tunisie compte beaucoup sur sa coopération avec des pays comme
l’Egypte, la Norvège, l’Iran, la Corée, la Chine et le Japon pour développer
une expertise nationale dans le domaine de l’aquaculture.
Ultimes objectifs : optimiser le rendement de la filière aquacole, augmenter
sa part dans la production halieutique de 3% actuellement à 10% à l’horizon
2016, et accroître la valeur de ses exportations à 25 millions de dinars
contre 3 millions de dinars actuellement.
Officiellement, la pisciculture est retenue en Tunisie comme une solution
majeure pour pallier la rareté des poissons nobles (loup, daurade, mérou..)
espèces victimes de la surexploitation et de la dégradation de l’écosystème.
Il s’agit également de dissuader la sortie de précieuses devises nécessaires
pour leur importation.
Les futures générations sauront, désormais, s’accommoder de plats et de mets
de poissons élevés soit dans des eaux douces, soit dans des cages flottantes
en mer. Déjà, les générations actuelles se sont habituées à la rareté de
leurs poissons préférés (pageot, sparidés, loup, daurade, mérou, denté,
crevettes, céphalopodes -seiche, poulpes), ses espèces benthiques, poissons
de fond ou poissons à chair blanche. Elles se sont rabattues sur le poisson
bleu (sardines, maquereaux, thon) qui reconquiert, du coup, toutes ses
lettres de noblesse avec en prime un prix abordable et des qualités
nutritives certaines. La médecine a confirmé son apport en oméga3, “de
bonnes graisses” qui protègent contre les maladies cardiovasculaires.
Ce regain d’intérêt pour l’aquaculture, apocalyptique pour les fins gourmets
et salutaire pour les férus de protéines, est confortée par les projections
futures de l’Organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation
(FAO). Celles-ci estiment que l’aquaculture prendrait la relève sur la pêche
en mer pour atteindre, d’ici 2030, une proportion de 50% de la production
totale des produits de pêche.
En prévision de ce scénario, les autorités agricoles ont arrêté une
stratégie visant globalement à porter, d’ici 2016, la production de la
pisciculture à 10,5 mille tonnes, moyennant des investissements d’environ 51
millions de dinars.
Ce montant est destiné à financer la réalisation de pas moins de 27 nouveaux
projets orientés essentiellement vers l’élevage en cages flottantes ou mer
ouverte (technique moins coûteuse que celle des bassins à terre nécessitant
un amener de l’eau de mer) et 7 sites d’aquaculture qui seront opérationnels
à l’horizon 2016.
En amont, l’Etat a institué de substantielles incitations fiscales et
financières en faveur de l’investissement dans cette filière.
Les mesures prises, à cette fin, consistent essentiellement à faire
bénéficier les projets aquacoles des avantages institués dans le code
d’incitation aux investissements, d’exonérer les intrants des droits de
douane et de la taxe sur la valeur ajoutée, de mettre à la charge de l’Etat
40% du coût des études techniques des projets aquacoles, avec un plafond de
40 mille dinars et de promouvoir la station pilote de pisciculture de
Boumhel en centre technique.
Ce centre, qui devrait effectivement entrer en exploitation en 2008, aura
pour vocation d’assurer l’encadrement, la formation et le recyclage des
promoteurs dans le secteur, de mettre à la disposition des professionnels du
secteur les résultats des recherches les plus récentes dans le domaine de la
maîtrise des nouvelles techniques d’élevage et d’espèces marines.
Des projets de partenariat seront également réalisés dans le cadre de ce
centre, notamment avec la Corée (conchyliculture) et l’Iran (élevage de
crevettes).
La Tunisie a institué d’importantes incitations en faveur de
l’investissement étranger dans les projets aquacoles. Une loi en date de
1997 autorise les partenaires étrangers à détenir jusqu’à 66% du capital de
toute joint-venture opérant dans l’élevage des espèces aquatiques à des fins
commerciales.
Quant à l’état des lieux : la production aquacole, pratiquée en eau de mer (Hergla,
Monastir…) et en eau douce (barrages) va crescendo, passant de 1.300
tonnes en 1996 à 3.000 tonnes en 2006.
La pisciculture marine comporte 5 projets d’élevage dont deux dans des cages
flottantes et trois élevages dans les bassins à terre.
Quatre autres projets sont consacrés à l’engraissement du thon, poisson
exporté principalement vers le Japon, outre 5 projets de conchyliculture
(élevage de moules et huîtres).
Pour ce qui est de l’élevage en eau douce (continentale), il existe deux
projets d’élevage de tilapia et l’exploitation de 39 retenues de barrages
pour l’élevage de poissons d’eau douce (poisson-chat, carpe, anguille et
cendre), exploitées actuellement par des pêcheurs locaux selon la technique
de concession.
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