La redéfinition de la politique de financement et mise en place des
procédures relatives à l’encadrement et au suivi des promoteurs ainsi que la
refonte du système d’informations de la Banque tunisienne de solidarité, ont
été centre de l’interview que Monsieur Lamine Hafsaoui, son P-DG nous a
accordée. Au passage il nous fournit un tableau détaillé des engagements de
la banque.
Webmanagercenter : Il y a quelques mois, vous nous avez accordé une
interview dans laquelle vous avez fait une sorte du bilan depuis la création
de la Banque tunisienne de solidarité (BTS), et surtout mis en exergue les
réformes engagées pour que la BTS reste une banque certes à connotation
humaine, mais néanmoins une institution financière, notamment en termes
d’expertise financière. Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont les
chantiers qui ont bien avancés et ceux qui le sont moins ?
Lamine Harfaoui : Tout à fait, la Banque tunisienne de solidarité a
engagé plusieurs réformes, mais deux essentiellement. La première partie de
ces réformes concerne la redéfinition de la politique de financement et mise
en place des procédures relatives à l’encadrement et au suivi des
promoteurs.
Il s’agit notamment de la mise en place d’un système de gestion par
objectifs pour les microprojets à travers des contrats-programmes annuels
établis avec toutes les régions (nombre de crédits, répartition sectorielle,
recouvrement…).
Ensuite, l’établissement de conventions de partenariat avec d’autres
structures d’appui pour le financement et le parrainage des jeunes
promoteurs, notamment les diplômés de l’enseignement supérieur (Union
tunisienne de l’agriculture et de la pêche, Agence de promotion des
investissements agricoles, ministère du Commerce et de l’Artisanat…)
Ces réformes concernent également le financement d’un certain nombre
d’activités auparavant non éligibles (commerce de détail et de gros,
matériel roulant et de transport…).
La Banque s’efforce aussi à accompagner les promoteurs dans le développement
de leurs activités à travers l’octroi de financement à court terme adapté
(facilité de caisse, escompte…).
Il y a eu également la généralisation du plafond d’intervention maximum
autorisé à 80.000 dinars tunisiens pour tous les diplômés de l’enseignement
supérieur et quelle que soit l’activité du projet.
Toujours au chapitre des réformes, le financement de tous les besoins
exprimés par le promoteur, en l’occurrence le besoin en fonds de roulement,
donnée de base cruciale pour le démarrage des projets dans de bonnes
conditions ; sans oublier l’octroi d’un délai de grâce en rapport avec les
difficultés de démarrage rencontrées par les promoteurs dans la constitution
et la gestion de leur trésorerie (un minimum de 6 mois est accordé
d’office), ou l’extension du réseau des associations de microcrédit (260 à
fin septembre 2007) afin de couvrir toutes les délégations (l’objectif sera
atteint courant 2008).
Enfin, la BTS a entamé le démarrage des préparatifs relatifs à l’évaluation
d’impact des microcrédits accordés par les associations sur les
bénéficiaires et sur l’environnement socioéconomique.
La deuxième partie des grandes réformes a concerné la refonte du système
d’informations. Elle a touché l’élaboration d’un projet d’organigramme de la
banque qui permettra d’assurer le redéploiement du personnel et la mise en
place des procédures internes pour assurer une meilleure rentabilité de la
Banque et dynamiser le fonctionnement de ses structures. Cette
réorganisation vise également la mobilisation des ressources humaines de la
banque en vue de concrétiser les objectifs à court moyen et long termes.
Ensuite, la mise en place d’un système informatique intégré (global banking)
qui permettra à la banque d’assurer l’intégration de toutes ses opérations
et la maîtrise des risques opérationnel et de crédit.
Puis, la BTS a mis en place un processus de renforcement de la fonction
contrôle sous ses différentes formes (contrôle de gestion, audit,
inspection…) dont l’objectif est de maîtriser aux mieux l’ensemble des
processus de gestion de la banque.
Ce processus s’ajoute à celui ayant trait aux ressources humaines de la
banque par le recrutement d’un nombre de cadres supérieurs dans des
nouvelles spécialités avec notamment la création d’un nouveau corps de
coordinateurs des associations de microcrédit au niveau de toutes les
cellules régionales.
Enfin, la banque est en train d’élaborer un plan triennal de formation sur
la base d’un bilan de compétences des cadres en vue de se doter des moyens
humains et des compétences nécessaires répondant aux exigences de son élan
de développement.
Ce qui vient à l’esprit également quand on évoque le nom de cette banque,
c’est son rôle dans la promotion de l’emploi, alors que l’emploi a été
décrété par le chef de l’Etat priorité nationale… Pouvez-vous nous expliquer
comment se positionne la BTS par rapport à cette donne économique et sociale
de la Tunisie ?
La promotion de l’emploi a été placée au premier rang des priorités
nationales, le président Ben Ali en a fait la priorité absolue de son
programme d’action sur le plan économique et social.
Au vu des nouveaux défis posés en matière d’emploi, en particulier, le
volume élevé des demandes additionnelles d’emploi et l’augmentation
accélérée du nombre des diplômés du supérieur, l’Etat a entrepris une série
de mesures qui visent la promotion de l’investissement privé et
l’encouragement de l’initiative privée et du travail indépendant.
La BTS, créée depuis 1998, constitue un instrument très important pour
concrétiser ces objectifs et appuyer les efforts de l’Etat en la matière.
Le programme de 2007, qui vise le financement de 10500 microprojets,
permettra la création de plus de 15.000 postes d’emploi au niveau des
microprojets (dont plus de 30% des diplômés de l’enseignement supérieur),
sans compter les postes d’emplois générés par le système de microcrédit,
sachant que le 11ème Plan de développement économique et social prévoit la
création en moyenne de 100.000 postes d’emploi par an.
Pour atteindre ces objectifs en matière d’emploi, la banque poursuit :
– une approche originale qui fait participer l’ensemble des intervenants
avec lesquels la banque coopère depuis plus de 10 ans. Cette approche permet
l’identification à la source des besoins économiques réels de chaque
localité en matière de création de projets et donc d’emplois ;
– une recherche accrue de la clientèle diplômée de l’enseignement supérieur
qui se caractérise par sa forte capacité à assurer la pérennité des projets
lesquels se caractérisent par leur forte employabilité ;
– une recherche de projets générateurs de création d’emplois à l’instar des
centres d’appels, des projets promus dans le cadre de l’essaimage, des
projets en rapport avec l’environnement (essentiellement l’enlèvement et le
tri des déchets)…
Nous croyons savoir que plusieurs pays, essentiellement d’Afrique
subsaharienne, auraient sollicité l’expertise de la banque, voire l’envoi de
cadres. Si ces informations sont exactes, avez-vous aujourd’hui les moyens
humains pour répondre à ces demandes alors que vous-mêmes vous en manquez ?
Au vu de ces résultats, la BTS est favorablement accueillie par de nombreux
pays et institutions régionales et internationales et devient de plus en
plus une référence en matière de micro-finance et d’économie solidaire,
notamment dans l’espace africain.
Ainsi plusieurs actions de coopération ont été mises en place sous plusieurs
formes de coopération bilatérale, coopération triangulaire à travers un
appui institutionnel, coopération avec des organisations internationales
(FIDA, FAO, OIM…) pour la réalisation de programmes spécifiques de
développement dans certains pays.
Ces formes de partenariat constituent pour la Banque une plateforme
d’échanges d’expériences, d’expertises et d’approches de développement avec
des pays similaires et un outil pour le renforcement de l’appui
institutionnel des parties partenaires.
Néanmoins, les moyens humains actuels de la banque ne permettent pas de
satisfaire l’ensemble des demandes africaines et islamiques, et notre
orientation est de favoriser les missions ponctuelles d’appui et
d’expertise.
Au jour d’aujourd’hui, quels sont les engagements de la banque en termes
financiers (crédits) et de projets ?
Rien ne sert à faire des discours. Voici deux tableaux récapitulatifs des
engagements de la Banque depuis sa création jusqu’à nos jours.
Etat des
Accords_BTS_au 30/09/2007
Gouvernorats
Accords
Réalisés
Nbre
Total
des engagements (MD)
Nbre
Total
des engagements (MD)
Ariana
3
469
24,784
3
162
22,022
Béja
2
437
10,066
2
192
8,707
Ben
Arous
3
501
25,905
3
041
21,830
Bizerte
2
918
17,303
2
394
14,204
Gabès
3
576
20,661
3
194
17,289
Gafsa
4
446
22,227
4
096
19,384
Jendouba
1
364
6,885
1
179
5,741
Kairouan
3
380
18,312
3
121
16,182
Kasserine
3
390
18,470
3
042
15,672
Kébili
1
480
8,464
1
321
7,092
Le
Kef
1
803
9,183
1
480
7,696
Mahdia
1
862
10,400
1
756
9,526
La
Manouba
2
516
14,454
2
219
12,275
Médenine
2
057
14,761
1
764
11,874
Monastir
2
138
15,890
1
928
14,102
Nabeul
2
643
19,382
2
427
17,401
Sfax
9
019
69,535
8
483
64,128
Sidi Bouzid
3
135
17,065
2
763
14,435
Siliana
1
611
7,085
1
388
5,844
Sousse
2
431
18,526
2
164
16,112
Tataouine
1
358
7,149
1
198
6,236
Tozeur
1
837
8,070
1
678
7,174
Tunis
7
548
52,920
6
850
46,275
Zaghouan
2
209
9,280
2
029
8,103
TOTAL
72 128
446,778
64 869
389,305
* Les déblocages au titre des crédits réalisés s’élèvent à
391,5 MD à la même date. Sachant que les déblocages renferment d’autres
ressources en sus des crédits, à savoir les subventions et les apports
propres des promoteurs.