M. Yves Gauthier, le nouveau directeur général de Tunisiana, a pris
contact le mercredi 17 octobre 2007, au siège social de l’entreprise, avec
les journalistes tunisiens. pendant cette rencontre, il a souligné l’importance qu’il
attache à cette rencontre, et ce un mois après son arrivée à Tunis (17
septembre), une période qui lui a permis d’avoir la température du marché et
de connaître un peu plus de l’intérieur l’entreprise à la tête de laquelle
il a été nommé.
Ancien CEO d’Orange aux Pays-Bas, Yves Gauthier assurait auparavant la
direction du Groupe Orange en Roumanie, un marché assez comparable à la
Tunisie en termes de croissance, du PIB par habitant… a-t-il dit. –‘’un
marché très concurrentiel, puisque nous étions 5 opérateurs (physiques,
NDLR) et 40 opérateurs virtuels pour une population de plus de 17 millions
d’habitants’’.
Mais il a, également, beaucoup voyagé, puisqu’il a fait le Salvador, le
Mexique, les Etats-Unis d’Amérique…, souvent pour le compte du Groupe France
Télécom, ‘’mais là, c’est ma première expérience dans un pays du Maghreb’’,
s’est-il réjoui, avant d’ajouter que ‘’c’est quelque chose d’important pour
moi de venir dans un pays beaucoup plus en devenir qu’en développement, où
il y a toujours de la croissance, des nouvelles technologies à apporter, et
pas mal de challenges’’.
Au terme de cette présentation, le nouveau DG de Tunisiana se pose lui-même
la question suivante : ‘’… Pourquoi je suis venu en Tunisie ?’’, et de
répondre en substance que, Orange Hollande étant racheté par T-Mobile,
‘’cela m’a amené à reconsidérer ce que j’allais faire dans le futur…, et de
regarder les différentes opportunités qui s’offrent à moi, à la fois au sein
du Groupe Orange et à l’extérieur. Puis je me suis renseigné sur Tunisiana
et constaté que c’est une start-up qui marche, dynamique et qui a dû
batailler ferme pour acquérir une bonne part de marché’’, a-t-il souligné. A
partir de là, il estime que Tunisiana est arrivée à un moment où il est
important de regarder beaucoup plus vers l’avenir que du côté de ce qu’elle
a déjà accompli. On comprend par-là qu’il nourrit déjà l’ambition de hisser
Tunisiana sur d’autres sommets en termes de technologies et de services. Ce
sera tout à son honneur !
Par ailleurs, Yves Gauthier estime que ‘’d’ici la fin de l’année (2007,
NDLR), nous serons à environ 75% de taux de pénétration sur le marché
tunisiens (pour les deux opérateurs) en matière de téléphonie mobile…, ce
qui fait qu’il est indispensable de réfléchir à la façon de faire de la
croissance… Voilà, en gros les raisons qui m’ont amené en Tunisie’’.
Concernant Tunisiana, tout en reconnaissant que l’entreprise a rencontré
quelques perturbations au niveau de son management, M. Gauthier admet :
‘’Vous savez plus que moi qu’il y a des gens qui sont partis de Tunisiana,
certains d’entre eux pas très loin d’ailleurs… Donc pas mal de secousses au
sommet de la pyramide, mais elle tient encore parce qu’il y avait de bonnes
bases (de bons process, une bonne qualité de service…). A partir de là, le
nouveau DG de Tunisiana esquisse en filigrane sa mission : ‘’mon rôle est
d’apporter maintenant de la stabilité, et surtout de consolider les valeurs
et les acquis de la compagnie’’.
Au sujet du marché tunisien de la téléphonie mobile, en particulier, et du
secteur des télécommunications, en général, Y. Gauthier pense que ‘’la
concurrence sur le marché tunisien est une concurrence exacerbée, parce que
nous ne sommes que deux opérateurs, et de ce point de vue, on a tendance à
regarder ce que fait l’autre’’. Mais M. Gauthier compte changer cette façon
de manager, estimant qu’il faut certes regarder ce que fait l’autre, mais il
ne s’agit pas de faire que ça, il faut qu’on déroule ce qu’on a envie de
faire, élabore notre stratégie basée sur ce qu’on a envie de faire, par
exemple sur les politiques tarifaires. Pour lui, ‘’ce que fait l’autre est
juste une donnée’’. Ses nombreuses expériences font dire à M. Gauthier,
également, que, ‘’souvent quand on est deux, en face-à-face, on a tendance à
travailler l’un contre l’autre, alors qu’il faut surtout travailler d’abord
pour soi. Et c’est ce que je vais essayer d’impulser dans la compagnie, car
accroître ses revenus est plus important que de détruire ceux de l’autre ;
c’est comme ça que je vois le marché’’.
Selon M. Gauthier, Tunisiana va essayer d’être le meilleur, le premier sur
le marché, de façon positive en déroulant sa propre stratégie, a-t-il dit,
mais il reconnaît que c’est un marché difficile, parce qu’on commence à
peine à atteindre 75% de taux de pénétration ; les clients qui se présentent
viennent souvent de l’autre opérateur, donc forcément des clients exigeants,
qui demandent de bons tarifs et une bonne qualité de services. Sur ce
créneau, il pense que ‘’Tunisiana a une bonne image, une image de qualité,
d’innovation qu’il faut garder… Il faut donc qu’on continue à faire la
différence par la qualité, l’innovation, et par la façon dont on sert le
client’’. Et d’inviter les différents départements de l’opérateur de faire
en sorte que ‘’lorsqu’un client s’adresse à nos centres de services ou à nos
call centers il sente la différence ; c’est sur ce point que nous allons
travailler’’.
M. Gauthier revient ensuite sur le marché tunisien pour souligner que
celui-ci sera saturé un jour ou l’autre, comme cela a été le cas pour
d’autres marchés. ‘’Dans ce cas, il faudra aller chercher les leviers de
croissance qu’on pourra trouver sur le Broadband, le Wireless, sur le Wimax,
le Edge, la 3G, etc. Tout dépendra du prix de la licence, mais ce sera une
continuité normale pour un opérateur mobile d’aller vers ce type de
services’’. C’est sans doute vers ces technologies que se dirigera Tunisiana
dans le futur, car elles évitent d’aller creuser la terre pour poser des
câbles…
Sur le marché des télécommunications, il estime qu’il faut toujours un
régulateur, l’arbitre qui permet que la concurrence soit loyale. Là, on
l’aura compris, il touche à un problème épineux : ‘’je reconnais que Tunisie
Télécom a tendance à utiliser sa position monopolistique sur le fixe pour
faire le bundle avec le mobile et se différencier là-dessus, alors que nous,
nous ne pouvons pas aller sur créneau ; ce n’est pas normal, mais à chaque
fois que cela arrivera, je me battrai contre ; on doit jouer tous le même
jeu… Bien entendu, on opèrera selon notre cahier des charges qui est très
clair…’’. Cependant, il demeure convaincu que le régulateur doit se
renforcer parce que le marché des télécoms va devenir de plus en plus
compétitif à la fois sur le mobile et sur le fixe…
(Lire la suite du compte rendu de cette conférence de presse, 24 octobre)