[22/10/2007 19:16:13] WASHINGTON (AFP) Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, a ravivé les inquiétudes sur le dollar lundi en estimant qu’il existait un risque de “chute brutale” du billet vert. “Jusqu’à présent, les fluctuations des taux de change sont restées ordonnées et conformes aux paramètres fondamentaux”, a déclaré M. Rato devant le Conseil des gouverneurs du FMI. Mais “le risque d’une chute brutale du dollar existe — que cette chute soit la conséquence ou la cause d’une perte de confiance dans les actifs libellés dans la monnaie américaine”, a-t-il averti dans l’un de ses derniers discours avant qu’il ne quitte son poste à la fin du mois. Certains analystes jugent que M. Rato a ainsi reconnu un état de fait indéniable. “Tout le monde sait qu’il y a un risque de chute, M. Rato a juste formulé ce qui est évident”, note David Solin, analyste chez Foreign Exchange Analytics, en soulignant que le responsable “va bientôt quitter son poste”. Le dollar a durement souffert de la crise financière de l’été et de la perte de confiance dans les perspectives de croissance aux Etats-Unis. Alors qu’il s’effritait lentement mais sûrement depuis 2002, il a vu sa dépréciation s’accélerer ces dernières semaines. M. Rato a résumé le sentiment général: “nous nous attendons à un ralentissement de la croissance” aux Etats-Unis. La faute au fléchissement du marché immobilier et aux problèmes liés aux crédits hypothécaires à risque, qui sont devenus le risque numéro un pour la première économie mondiale. Face à cette menace, les analystes sont nombreux à parier que la banque centrale américaine (Fed) va devoir de nouveau baisser ses taux d’intérêt fin octobre. Le principal taux a déjà été baissé de 0,5 point à la mi-septembre pour être ramené à 4,75%. Une nouvelle baisse diminuerait le rendement des placements faits en dollars et aurait tendance à faire fuire les capitaux, d’où une nouvelle dépréciation du billet vert. L’euro a encore amélioré son record lundi à 1,4347 dollar, avant de refluer en cours de journée, le dollar retrouvant quelque peu son statut de valeur refuge comme c’est généralement le cas face aux incertitudes boursières. Mais à terme, tout plaide pour de nouvelles baisses du billet vert: le FMI avait estimé la semaine dernière que la monnaie américaine restait surévaluée par rapport aux fondamentaux économiques. Les ministres des finances du G7, réunis vendredi à Washington, ont aussi décerné un satisfecit implicite à la situation actuelle en répétant leur souhait que les taux “reflètent les fondamentaux économiques”. C’est une victoire pour les Etats-Unis, qui se satisfont très bien d’une monnaie dévaluée tant qu’elle ne chute pas d’un coup, et le font savoir en répétant leur politique ambiguë de “dollar fort” mais “reflétant les fondamentaux économiques”. “Vu le manque d’action concrète du G7 sur le dollar, l’intensification de la spéculation sur une baisse des taux d’intérêt aux Etats-Unis suffira à faire baisser le dollar encore plus dans les jours à venir”, a estimé Mitul Kotecha de la banque Calyon. Du côté des Européens, le laissez-faire du G7 est une déception alors que certains d’entre eux espéraient un geste permettant d’enrayer l’appréciation de leur monnaie face au dollar. Dans son discours lundi, M. Rato a cependant reconnu à mi-mots que l’Europe risquait de pâtir de la forte appréciation de sa monnaie. “Il se peut aussi que les perspectives de croissance des pays qui ont opté pour un taux de change flexible –y compris dans la zone euro– soient compromises par l’appréciation de leur monnaie”, a-t-il affirmé. Et il n’a pas exclu que “dans ces conditions, les pressions protectionnistes s’intensifient”. |
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