En Chine, la téléphonie 3G piétine toujours

 
 
CPS.HLP54.231007084328.photo00.quicklook.default-156x245.jpg
Publicité pour la 3G à Pékin, le 16 décembre 2006 (Photo : Str)

[23/10/2007 06:44:49] PEKIN (AFP) Régulièrement annoncé comme imminent, le lancement de la téléphonie mobile de la troisième génération se fait toujours attendre en Chine où, pourtant, les industriels ont mis au point une norme nationale de 3G, le TD-SCDMA.

En marge du congrès du Parti communiste qui vient de s’achever à Pékin, le vice-ministre de l’Industrie de l’information Lou Qinjian a reconnu qu’il n’y avait “pas de date en vue” pour l’adoption de cette technologie permettant de meilleurs débits et, donc, la transmission de données lourdes (internet, vidéos…).

Il a affirmé que la technologie était “mûre” mais que demeuraient “des questions sur le mode d’opération et de gestion”, alors qu’en décembre 2006, le ministre Wang Xudong évoquait la possibilité que soient “très prochainement” délivrées les licences 3G aux opérateurs chinois.

Aujourd’hui, certains analystes ne se hasardent plus à des pronostics: “le gouvernement n’a pas donné de date à la délivrance des licences. Il est donc difficile de savoir quand cela pourra intervenir”, souligne le professeur Ding Shouqian, de l’Université Nankai.

Les industriels sont pourtant prêts et l’ont fait savoir, une vingtaine d’entre eux, parmi lesquels quelques étrangers. Fin 2006, Yang Hua, secrétaire général de l’Alliance TD-SCDMA, indiquait que plus d’une centaine de modèles de téléphones basés sur cette norme avaient déjà été mis au point.

Le TD-SCDMA cherche à rivaliser avec les standards étrangers, notamment la WCDMA européenne ou le CDMA 2000 américain.

Comme ses concurrentes, la 3G chinoise doit surtout permettre aux opérateurs d’ajouter à l’usage habituel du téléphone mobile une palette de services, souvent payants: téléchargement de musique, de jeux, visiophonie, télévision.

Le Japonais NTT DoCoMo avait été le premier opérateur au monde à lancer une offre mobile de troisième génération en 2001.

Mais depuis “la 3 G dans le monde a essuyé quelques revers. Payante, elle n’a pas forcément beaucoup de place entre GSM et Wi-fi, qui est beaucoup plus rapide. Les Chinois étudient donc le business model, car à l’arrivée il faut trouver les clients”, affirme un expert.

A priori, ils ne manqueraient pas en Chine. L’institut d’études Analysis International pense qu’au moins 270 millions d’entre eux devraient être au rendez-vous en 2011.

Les Chinois sont aussi soucieux d’éviter les royalties à payer pour l’adoption de standards étrangers.

Vu les enjeux et les investissements colossaux à la clef, notamment pour les infrastructures, Pékin passe donc pour attendre que la TD-SCDMA soit pleinement opérationnelle pour délivrer ses licences 3G — y compris pour les normes étrangères — et ouvrir le marché à tous.

La norme chinoise irait au numéro un mondial en nombre d’abonnés, China Mobile, selon la presse et des experts.

Mais la 3G en est toujours au stade des essais pré-commerciaux dans un petit nombre de villes, en particulier celles des jeux Olympiques de l’été 2008.

“Je pense que le gouvernement attend que toutes les conditions soient mûres. Il veut s’assurer que tout le monde est sur la ligne de départ”, dit le professeur Ding.

Il attend aussi d’avoir décidé du paysage futur des telecoms, étant en train de réfléchir à la restructuration du secteur aujourd’hui divisé entre quatre géants principaux: deux opérateurs sur le marché mobile dont, surtout, China Mobile, et deux cantonnés à la téléphonie fixe, secteur progressant dix fois moins vite que le mobile.

Et même si les licences ne sont pas délivrées à temps pour les jeux Olympiques, Lou l’a assuré : une forme ou une autre d’accès à la 3G sera possible.

 23/10/2007 06:44:49 – © 2007 AFP