[23/10/2007 09:38:44] LUXEMBOURG (AFP) Les pays de l’Union européenne doivent fixer mardi leurs quotas de pêche en mer Baltique en 2008, un sujet de vif conflit entre la Commission et la Pologne, dont la position pourrait toutefois s’assouplir après la victoire électorale des libéraux pro-européens. Face à l’effondrement des stocks constaté par les experts scientifiques, la Commission européenne a proposé aux ministres de la Pêche, réunis à Luxembourg, une très nette réduction des possibilités de captures de cabillaud. Elle veut une baisse de 23% du quota en Baltique orientale et de 33% en Baltique occidentale. “L’état des deux stocks de cabillaud reste préoccupant, le stock occidental, autrefois le plus fourni des deux, étant à nouveau tombé en deçà des limites biologiques raisonnables”, souligne-t-elle. La situation des saumons est à peine plus réjouissante. Bruxelles propose une baisse de 15% pour 2008. Elle est meilleure pour le hareng, dont les stocks restent satisfaisants. La Commission suggère même dans certaines zones de pêche une hausse du quota. Mais c’est sur le cabillaud que les négociations s’annoncent les plus compliquées. La Pologne des frères Kaczynski refuse de faire respecter la fermeture de la pêche au cabillaud pour 2007 ordonnée en juillet par la Commission européenne. Fermeture ayant été ordonnée par Bruxelles, le quota national ayant été atteint. Le gouvernement polonais a même déposé un recours en annulation devant la Cour européenne de justice. Il estime que la Commission a fait une estimation erronée des volumes de pêche et met plus largement en cause le système des quotas mis en place pour protéger l’espèce. Le gouvernement sortant du Premier ministre conservateur Jaroslaw Kaczynski a prévenu qu’il resterait ferme à Luxembourg.
“La position du gouvernement ne change pas”, a indiqué lundi à l’AFP le porte-parole du ministère, Grzegorz Witkowski. Varsovie compte demander “la mise en place d’une commission indépendante” pour démontrer que les estimations de pêche de Bruxelles sont “erronées”. Le ministre polonais veut aussi faire interdire la pêche industrielle pratiquée en Baltique par les Scandinaves qui privent selon lui les chalutiers polonais de leur gagne-pain. De quoi irriter un peu plus les autres pays de la Baltique, comme l’Allemagne, la Suède et surtout le Danemark, peu enclins à payer la surpêche de la Pologne par une baisse très prononcée du quota global 2008. La règle du “pay-back” prévaut en effet en matière de pêche dans l’UE. Tout dépassement des quotas une année doit en principe être “remboursé” par une ponction équivalente sur le quota attribué l’année suivante. D’un autre côté, souligne un diplomate européen, les pays de l’UE pourraient être tentés d’envoyer un “signal de bonne volonté” à la Pologne, après la victoire du parti libéral Plateforme civique, pro-européen, de Donald Tusk aux élections législatives de dimanche. Par exemple en effaçant ou en réduisant son “ardoise” 2007. Si les pays de l’UE sont unanimes pour exhorter Varsovie à respecter la discipline de la politique commune de la pêche, certains comprennent aussi que la Pologne puisse s’interroger sur la manière dont les quotas sont établis. “Moi même je vais regarder d’assez près (…) comment les comités scientifiques établissent, dans quels délais, l’observation des réserves halieutiques. J’entends beaucoup de pêcheurs (…) me dire qu’il y a un décalage entre ce que disent les scientifiques et la réalité des poissons qu’ils pêchent”, a déclaré lundi à Luxembourg le ministre français de la Pêche Michel Barnier. |
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