[23/10/2007 09:41:22] JOHANNESBURG (AFP) L’implantation chinoise suscite des sentiments contradictoires en Afrique, partagée entre la satisfaction de voir un nouvel acteur de l’aide au développement et la peur d’être à nouveau exploitée. “Certains voient la Chine comme un prédateur, d’autres comme un partenaire”, estime Prince Mashele, chercheur à l’Institut des Etudes de Sécurité (ISSA) de Pretoria. Le commerce entre la Chine et l’Afrique a été multiplié par dix entre 1999 et 2006, Pékin cherchant de nouvelles sources d’approvisionnement en pétrole et autres ressources naturelles pour alimenter sa croissance économique. Parallèlement, la Chine a offert plusieurs prêts à taux intéressant, annulé une partie de la dette de pays africains et investi dans plusieurs projets de développement. Après des années de domination occidentale, Pékin a “changé le jeu du développement”, a lancé récemment Chris Alden, responsable d’un nouveau programme de recherches sur la Chine, au sein de l’Institut sud-africain des Affaires internationales (SAIIA). Ainsi, Pékin ne conditionne pas son aide ou ses investissements à des règles de transparence ou de bonne démocratie, comme en atteste son soutien au régime soudanais où elle se fournit en pétrole malgré le drame du Darfour. “Nous pensons que nous n’avons pas le droit de leur dire comment gouverner leur pays ou diriger leurs affaires”, a confirmé un diplomate chinois sous couvert d’anonymat. “Nous préférons le dialogue sur les problèmes graves, les questions d’environnement, de bonne gouvernance, de commerce”. En revanche, la Chine semble imposer ses compagnies, remarquent des critiques, en citant l’exemple d’entreprises de construction chinoises qui ont gagné des contrats financés par des prêts chinois, comme dans le juteux marché de la reconstruction en Angola. De plus, la balance commerciale reste très largement en faveur de la Chine, si bien que beaucoup se plaignent du dumping des produits chinois. Les entreprises chinoises ont également été accueillies avec défiance au Nigeria, en Zambie et au Mozambique, où il y a eu plusieurs plaintes sur le niveau des salaires et les conditions de travail dans les usines chinoises, selon M. Mashele. Les hésitations chinoises à nommer des équipes de direction africaines dans leurs entreprises, alors qu’elles embauchent largement de la main-d’oeuvre non qualifiée à bas prix, ont suscité d’autres critiques, rappelle Garth le Pere, chercheur à l’Institut pour le Dialogue Global (IGD) de Pretoria. “Les peurs d’objectifs secrets et d’une volonté hégémonique de la Chine sont exagérées”, a commenté l’ambassadeur de Singapour en Afrique du Sud, H’aja Rubin. “Rien ne soutient l’insinuation que la Chine est sur le chemin de l’exploitation à tout prix”. Le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao se sont tous les deux rendus en Afrique au cours des 18 derniers mois, pour lever les craintes sur les motivations chinoises et ont annoncé de nouveaux accords. En début d’année, M. Hu a toutefois dû annuler une visite dans une mine de cuivre zambienne gérée par une entreprise chinoise, où 50 ouvriers sont morts dans une explosion en 2005, par crainte de manifestations. Mais pour Garth le Pere, la responsabilité incombe aux dirigeants africains qui n’ont pris aucune mesure pour contrer les effets négatifs de la présence chinoise. “La Chine poursuit simplement ses intérêts nationaux”, relève-t-il, elle “ne peut être critiquée ou tenue responsable de l’absence de mécanismes de régulation en Afrique.” |
||
|