[24/10/2007 14:47:07] NEW YORK (AFP) La banque d’affaires américaine Merrill Lynch a dû passer d’énormes dépréciations dans ses comptes trimestriels, bien supérieures à ce qu’elle avait laissé entendre il y vingt jours, ce qui devrait renforcer les craintes du marché sur la qualité de sa gestion du risque. La banque a passé par pertes et profits 7,9 milliards de dollars de créances sur le marché des crédits structurés et du marché des prêts hypothécaires à risques (“subprime”). En début de mois, la banque avait déjà épouvanté les analystes en annonçant “seulement” 4,5 milliards de dollars de dépréciations, auxquelles s’ajoutaient un milliard de pertes dans ses activités de crédit. L’ampleur du nettoyage a entraîné dans le rouge vif les comptes de la banque au taureau. Merrill Lynch a enregistré une perte nette de 2,24 milliards de dollars au cours du troisième trimestre, contre un bénéfice net de 2,14 milliards de dollars un an auparavant, selon son communiqué. La perte par action s’est inscrite à 2,85 dollars, soit très en dessous des attentes des analystes qui tablaient sur une perte de 0,45 dollar seulement. La banque elle-même avait prévenu les marchés d’une perte maximale de 0,50 dollar. “Au vu de la poursuite de conditions difficiles sur le marché du crédit et d’une analyse complémentaire menée par la direction lors du processus d’arrêté des comptes, nous avons réexaminé nos positions résiduelles dans les crédits structurés de manière plus conservatrice. Le résultat est une dépréciation de la valeur de ces actifs plus importante qu’envisagé initialement”, a expliqué le PDG du groupe, Stan O’Neal, cité dans le communiqué. De surcroît, M. O’ Neal a laissé entendre que la banque n’en avait pas totalement fini avec ses problèmes sur ce type de crédit, dont le marché n’est toujours pas reparti après la crise financière de l’été. “Nous nous attendons à ce que le marché des actifs adossés à des crédits hypothécaires à risque demeure incertain et nous travaillons à résoudre l’impact résiduel sur nos comptes”, a ajouté le président de la banque. “Si vous regardez les chiffres du quatrième trimestre, ce sera aussi un mauvais trimestre” pour Merrill Lynch, a pronostiqué la banque d’affaires Punk Ziegel & Co. “Le troisième trimestre a été mauvais, le quatrième trimestre ne sera pas fameux non plus”, a-t-elle ajouté. Les activités à l’origine des difficultés de Merrill consistent à apporter des reconnaissances individuelles de dette, comme des créances hypothécaires, à des structures spécialement conçues. Ces structures se refinancent sur les marchés en émettant des obligations. Mais peu d’investisseurs connaissent réellement la valeur réelle des actifs sous-jacents, qui peuvent être de très mauvaise qualité comme on l’a vu sur le marché hypothécaire américain. L’ancien président de la Réserve fédérale Alan Greenspan, qui reste une voix très écoutée sur les marchés, a pronostiqué dimanche que ce type d’outil financier pourrait tout simplement disparaître. Le pourcentage de crédit hypothécaires à risque faisant l’objet de titrisation est maintenant tombé à zéro, alors qu’il était monté à près de 20%, avait-il alors relevé. En début de mois, les agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s s’étaient interrogées sur la qualité de la gestion du risque chez Merrill Lynch, en s’étonnant que la banque ait laissé s’accumuler autant de crédits à risque en aussi peu de temps. Finalement soulagée – les rumeurs les plus folles avaient circulé sur l’ampleur des difficultés de Merrill – la bourse n’a que modérément sanctionné l’annonce de ces énormes dépréciations. Vers 13H20 GMT, le titre reculait de 2,47% à 65,46 dollars. Il a toutefois perdu 29% depuis le début de l’année.
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