La croissance allemande va ralentir mais l’optimisme prime encore

 
 
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Le ministre allemand de l’Economie Michael Glos, le 5 juillet 2007 à Berlin (Photo : Michael Kappeler)

[25/10/2007 12:29:30] BERLIN (AFP) Les économistes l’avaient prédit, Berlin l’a admis: la croissance va ralentir l’an prochain en Allemagne, mais le gouvernement reste persuadé que l’essor économique se poursuivra et profitera à de plus en plus d’Allemands.

Le ministre de l’Economie Michael Glos prévoit maintenant une croissance économique de 2% l’an prochain, après 2,4% cette année, a-t-il annoncé jeudi. Berlin a préféré jouer la prudence, le chiffre étant inférieur encore à la prévision de 2,2% des principaux instituts de recherche, publiée la semaine dernière et sur laquelle se cale généralement le gouvernement.

Prix du pétrole en hausse, coup de froid sur l’économie américaine, turbulence des marchés financiers, autant de facteurs qui n’épargnent pas la première économie de la zone euro, a expliqué le ministre, parlant de “nuages dans le ciel de la conjoncture”.

L’euro fort, qui renchérit le coût des exportations, touche en outre l’Allemagne là où elle est le plus vulnérable, le commerce extérieur servant de longue date de moteur à l’économie toute entière.

Comme pour enfoncer le clou, l’institut Ifo a publié jeudi son très regardé baromètre du moral des patrons pour octobre, qui s’inscrit comme prévu en baisse par rapport au mois dernier.

Et pourtant, le pessimisme n’arrive pas à s’installer en Allemagne, rescapée depuis l’an dernier de longues années de stagnation et qui veut croire à la solidité de la croissance retrouvée.

“Les résultats parlent en faveur d’une poursuite de la croissance, mais moins dynamique”, a estimé le président de l’Ifo Hans-Werner Sinn après la publication du baromètre. Pour le ministre M. Glos “l’expansion continue”. La semaine dernière, les instituts avaient estimé que les forces motrices de l’économie étaient “intactes”.

Dans les propos de M. Glos, l’optimisme prime. Ainsi sur le chômage, qui va continuer à baisser pour ne plus toucher que 3,3 millions de personnes à la fin 2008, contre 3,8 millions de chômeurs prévus en moyenne cette année. “Cette fois-ci la reprise économique a réussi à faire baisser le chômage”, contrairement aux précédentes, s’est-il félicité. “Nous sommes en chemin vers un essor pour tous, pas seulement pour quelques uns”, a-t-il ajouté.

Autre motif d’espoir, directement lié à l’embellie sur le marché du travail, la consommation des ménages, longtemps sinistrée, repart enfin. L’amélioration sensible du moral des patrons du commerce de détail observée en octobre “indique que les Allemands pourraient commencer à ouvrir leurs porte-monnaie”, commente Gilles Moec, de Bank of America. Une évolution fort bienvenue alors que l’euro fort freine l’export.

Mais même parmi les exportateurs, ce n’est pas la franche déprime. “La force de l’euro n’est apparemment pas encore une raison de se faire vraiment du souci”, relève la banque HSBC dans une note.

Chez les économistes, les avis sur l’économie allemande sont partagés. Là où M. Moec de Bank of America parle de “résistance”, la banque suisse UBS a “une vue très prudente sur les perspectives de croissance”. Pour Jörg Lüschow de WestLB, il n’y aura pas de “chute abrupte” de l’économie, mais “la conjoncture va perdre en vigueur”.

Au final, “personne ne peut dire avec certitude quelle influence les turbulences des marchés financiers vont avoir sur l’économie allemande”, a constaté M. Glos, résumant le coeur du problème. “Nous avons besoin d’une prévision de croissance, qu’elle se réalise ou pas”, a ajouté son secrétaire d’Etat Walther Otremba.

 25/10/2007 12:29:30 – © 2007 AFP