[26/10/2007 20:13:09] NEW YORK (AFP) Les cours du pétrole ont atteint vendredi de nouveaux records à New York et à Londres, poussés par les tensions géopolitiques, le déclin des stocks américains et la faiblesse du dollar. A New York, le baril de “light sweet crude” est monté jusqu’à 92,22 dollars, dépassant largement sa précédente marque de référence (90,60 dollars), qui datait de la veille. Il a aussi réalisé un record de clôture, en terminant à 91,86 dollars (+1,40 dollar). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a aussi établi un plus haut, franchissant pour la première fois en séance le seuil symbolique des 89 dollars, à 89,30 dollars. Il a également clôturé sur un nouveau record à 88,69 dollars (+1,21 dollar) par rapport à jeudi. En un mois, les prix du pétrole ont pris plus de dix dollars aussi bien à Londres qu’à New York. Sur un an, l’escalade est vertigineuse: le pétrole a pris environ 30 dollars, soit une hausse de 50% environ. “La combinaison de facteurs fondamentaux très solides et d’une dégradation de l’environnement géopolitique a été le socle d’une violente poussée des prix”, ont expliqué les analystes de la banque Barclays Capital. En toile de fond, le marché s’inquiète en effet de la décrue des stocks européens et américains de pétrole. Le rapport du département américain de l’Energie (DoE) a conforté cette vision mercredi: les stocks de brut américains ont reculé de 5,3 millions de barils (Mb) la semaine dernière, et sont de 5,9% inférieurs à leur niveau de l’année dernière. Quant aux réserves de produits distillés, elles sont en baisse de 7,6% sur un an.
Dans ce contexte où chaque baril compte, les tensions géopolitiques se sont aggravées. Depuis que son principe a été approuvé par le Parlement la semaine dernière, le marché craint une intervention militaire de la Turquie de l’autre côté de la frontière, pour déloger de leurs bases les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). La Turquie a fustigé jeudi les appels à la retenue américains et averti qu’elle était déterminée à agir. Vendredi, des ministres turcs et irakiens se sont rencontrés à Ankara pour des entretiens jugés “positifs” par les Irakiens et qui visent à éviter une intervention militaire. Les tensions n’ont pour l’heure pas affecté le transit du pétrole irakien via la Turquie, rapportent les analystes du secteur, mais il est à craindre que cette région soit encore plus déséquilibrée par une initiative militaire turque. Parallèlement, les tensions sont vives entre l’Iran et les Etats-Unis. Washington a imposé jeudi de nouvelles sanctions contre trois banques iraniennes, mais aussi contre le corps des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime, accusé de contribuer à la prolifération d’armes de destruction massive, et leur unité Al-Quds, accusée de soutenir le terrorisme. Enfin, le Nigeria, premier producteur africain de brut, est le théâtre d’une recrudescence de violences. Sept étrangers et un nigérian ont été kidnappés dans la nuit de jeudi à vendredi lors de l’attaque d’une installation pétrolière offshore de la compagnie italienne Agip (groupe ENI), au large du terminal pétrolier géant de Bonny (Etat de Rivers). Dernier facteur haussier, la baisse continue du dollar s’est accélérée au cours des dernières semaines. Vendredi sa valeur n’avait jamais été aussi basse face à l’euro, à 1,4393 dollar pour un euro. Comme le prix du baril est libellé en dollars, il revient moins cher aux investisseurs hors zone dollar, ce qui stimule la demande d’or noir. A l’approche du seuil des 100 dollars, certains responsables économiques s’inquiètent des répercussions de la flambée des cours. “Les prix très élevés du carburant pourraient à partir d’un certain moment ralentir l’économie mondiale, si elle n’est pas déjà ralentie par les problèmes de crédit et la volatilité des marchés”, a estimé Chew Choon Seng, directeur général de la compagnie aérienne Singapour Airlines. |
||||
|