La baisse de la construction aggrave le chômage en Espagne

 
 
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Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, à Lisbonne le 19 octobre 2007 (Photo : Dominique Faget)

[26/10/2007 13:21:33] MADRID (AFP) Le chômage est reparti à la hausse en Espagne, une mauvaise nouvelle à cinq mois des élections pour le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, alors que le ralentissement de la construction et l’immigration risquent d’accentuer la tendance.

“Le taux de chômage augmente de huit décimales jusqu’à 8,03%” au troisième trimestre par rapport au deuxième, a annoncé vendredi l’Institut national de la statistique (Ine), précisant qu’il y a 1.791.900 chômeurs en Espagne (+31.900).

Le nombre d’emplois créés a été de 143.300, mais malgré cela, le taux de chômage a augmenté en raison de l’arrivée de nouveaux actifs, a expliqué le secrétaire d’Etat à l’Economie David Vegara, qui a mis l’accent sur le fait qu’un nombre record d’Espagnols a un emploi (20,510 millions).

Ce résultat “est positif, la création d’emploi reste dynamique, et la hausse du taux de chômage est due à une plus grande augmentation du nombre de la population active que de la création d’emploi”, a-t-il commenté lors d’une conférence de presse.

Il a précisé que traditionnellement, ces nouveaux entrants sont les immigrés, les jeunes, et les femmes qui commencent à travailler.

Certaines voix en Espagne commencent à s’interroger sur la capacité d’absorption par l’économie espagnole des très nombreux immigrés qui ont afflué ces dernières années et qui représentent désormais 9,9% de la population.

En février, une étude du groupe de travail temporaire Adecco et de l’école de commerce IESE démontrait que le taux de chômage des étrangers commençait à dépasser celui des Espagnols.

Le syndicat CCOO a relevé vendredi que “l’économie espagnole, bien que toujours en croissance, n’est plus capable d’absorber la hausse de la population active, espagnole et étrangère”.

Les chambres de commerces espagnoles relèvent aussi que les étrangers font partie de ceux “qui ont le plus souffert” de l’évolution du marché du travail.

Ce changement de structure de la création d’emploi est en partie due à un facteur extrêmement important en Espagne, le ralentissement du puissant secteur de la construction.

Sur les douze derniers mois, le taux de chômage dans la construction a augmenté de 17,20%, selon l’Ine, et de 8,01% sur le seul dernier trimestre.

Les chômeurs de la construction sont désormais environ 177.200, soit un peu moins de 10% du total. Selon des chiffres de 2006, le secteur emploie 12,72% du total des travailleurs.

CCOO a fait part vendredi de sa “préoccupation” à propos des chiffres du chômage publiés vendredi. Le syndicat USO les a qualifiés de “déplorables”.

Si ces tendances se confirmaient, le chômage pourrait devenir un problème pour le chef du gouvernement à quelques mois des élections générales de mars.

Les enquêtes d’opinions donnent généralement une avance de 4 à 5 points au socialistes, mais ceux-ci ont perdu d’une courte tête les municipales du 27 mai face aux conservateurs du Parti populaire (PP).

Servi par une croissance vigoureuse, M. Zapatero, qui a pronostiqué en début d’année un taux de chômage “clairement” sous les 8% pour 2007, a fait de la lutte contre le chômage, et surtout contre les emplois précaires, un des axes de sa politique sociale.

A l’approche des législatives, il met en avant les bons résultats économiques obtenus sous sa législature (croissance, discipline budgétaire, lutte contre le chômage), faisant passer au second plan d’autres aspects plus controversés de son action, comme la négociation ratée avec l’ETA.

Toutefois, même à la hausse, le taux de chômage espagnol reste bas par rapport à ce qu’il a été. Il atteignait par exemple 11,38% au premier trimestre 2004, à la fin du mandat du précédent gouvernement de droite.

 26/10/2007 13:21:33 – © 2007 AFP