[26/10/2007 12:36:14] PARIS (AFP) Dominique Strauss-Kahn a défendu le pacte d’actionnaires d’EADS conclu lorsqu’il était ministre de l’Economie, en 1999, comme “équilibré”, soulignant que les représentants de l’Etat ne devaient pas “dormir” dans les structures auxquelles il participent. “Le pacte a été suffisamment équilibré pour que les intérêts français publics et privés soient durablement préservés”, a déclaré M. Srauss-Kahn lors d’une audition devant la commission des finances de l’Assemblée nationale. Les parlementaires multiplient les auditions depuis trois semaines sur les relations entre l’Etat et les actionnaires privés d’EADS, Lagardère et Daimler, soupçonnés de délit d’initiés dans les mois qui ont précédé la chute du titre provoquée en juin 2006 par les retards du programme A380. “Il faut faire des bons montages, mais derrière il faut qu’on s’en occupe, (…), si les représentants de l’Etat sont là pour dormir, cela part à vau l’eau”, a estimé M. Strauss-Kahn, mettant implicitement en cause les représentants de l’Etat au sein de la Sogeade, holding commune de l’Etat et de Lagardère représentant les intérêts français dans EADS. En particulier, “je ne vois pas comment l’Etat n’est pas capable d’avoir une influence sur qui doit être désigné” au conseil d’administration d’EADS par la Sogeade, a souligné le directeur général désigné du FMI. “Pour les décisions importantes, il faut six voix sur huit, l’Etat en a quatre et Lagardère quatre, il y a donc de fait un droit de veto réciproque”, a-t-il expliqué. Il a ainsi rejoint la déclaration d’Arnaud Lagardère qui avait indiqué devant la commission ne pas pouvoir “être administrateur sans l’accord de l’Etat”, se distinguant de la position de la ministre de l’Economie Christine Lagarde, qui a récemment assuré que “l’Etat ne désigne aucun administrateur” d’EADS. DSK a aussi indirectement répondu au Premier ministre François Fillon, qui parlait au début octobre d’un “pacte d’actionnaires curieux” adopté “sous une autre majorité”, “qui privait l’Etat français et l’Etat allemand de tout droit d’intervention sur les affaires d’EADS”. Le pacte était un “compromis”, “il faut arrêter que les Français se tapent sur les mains”, a souligné M. Strauss-Kahn. “Les Allemands ne voulaient pas du tout de présence de l’Etat français” a-t-il souligné, rappelant que Daimler envisageait alors de faire alliance avec les industriels britanniques sans le groupe français Aerospatiale-Matra. “Nous avons accepté, pour faire passer la pilule, que l’Etat ne soit pas représenté en tant que tel, mais qu’il ait des droits importants au sein de la Sogeade”, a-t-il expliqué. “Les Allemands n’ont pas obtenu que l’Etat ait moins de 50% dans la Sogeade, nous avons eu un droit de préemption au cas où les Allemands voudraient sortir (…). L’Etat étant le seul actionnaire pouvant avoir une vision de long terme, il y avait une dynamique française, au-delà des espérances de départ”, a-t-il estimé. Selon DSK, l’Etat peut même passer provisoirement au-dessus de la part de 15% inscrite dans le pacte des actionnaires français, “à charge pour lui d’y revenir”. “La possibilité de renégocier avec les Allemands d’autres situations (…) est tout à fait concevable”, a ajouté M. Strauss-Kahn, précisant que l’équilibre n’est “pas inscrit dans le marbre jusqu’à la fin des temps”. Le capital d’EADS est réparti actuellement entre Lagardère (en train de passer de 15% à 7,5%) et l’Etat (15%) côté français, DaimlerChrysler (15%) et un consortium d’investisseurs (7,5%) incluant des Länder côté allemand. En vertu du pacte d’actionnaires, les deux groupes privés exercent le pouvoir. |
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