[26/10/2007 17:30:13] LONDRES (AFP) Une bataille a éclaté vendredi dans l’assurance au Royaume-Uni: Resolution a accepté de se faire racheter pour sept milliards d’euros par l’Ecossais Standard Life, jettant ainsi aux orties un précédent projet de mariage et déclenchant une contre-attaque de son actionnaire Pearl. Fin juillet, Resolution, groupe spécialisé dans la gestion des fonds de placements fermés à la souscription, surnommés les fonds “zombies”, avait célébré ses fiançailles avec le groupe Friends Provident, spécialisé quant à lui dans l’assurance vie et les fonds d’épargne classiques. Leur mariage devait donner naissance à un nouveau poids lourd du secteur, baptisé Friends Financial et pesant quelque 8,6 milliards de livres en Bourse (environ 12 milliards d’euros). Mais alors que les deux groupes étaient quasiment arrivés au pied de l’autel, leurs actionnaires devant entériner ce rapprochement amical le 5 novembre, Resolution a fait volte-face vendredi, en acceptant de se faire racheter pour 4,9 milliards de livres (7,03 milliards d’euros) par Standard Life, assureur diversifié dans les services bancaires et basé à Edimbourg. L’opération, si elle aboutit, fera de Standard Life “une des premières compagnies d’assurance vie et retraite, et l’un des premiers gestionnaires d’épargne en Grande-Bretagne”, avec sept millions de clients, s’est félicité le président du groupe écossais, Gerry Grimstone. Standard Life a prévu, en cas de succès de son offre, de revendre certains actifs de Resolution à son allié, le réassureur zurichois Swiss Re, pour un 2,35 milliards de livres (environ 3,4 milliards d’euros). “Nous pensons que cette transaction représente un équilibre attractif pour les actionnaires de Resolution” et “le conseil d’administration recommande de ce fait l’offre de Standard Life à l’unanimité”, a renchéri Clive Cowdery, président de Resolution, qui a accepté au passage de payer à son-ex fiancée Friends Provident 49 millions de livres de dédommagement. Mais un autre assureur britannique, le groupe Pearl, qui convoitait également Resolution et qui en est déjà le principal actionnaire, a aussitôt répliqué, en annonçant avoir porté sa participation de 16,5% à 24,18% du capital, et en lançant une contre-offre améliorée dont le montant de 720 pence par action, soit 4,94 milliards de livres, dépasse légèrement celui offert par Standard Life. Mais surtout, son offre est payable entièrement en espèces, quand celle de Standard Life n’est payable qu’à 72% en numéraire, le reste étant réglable en actions du groupe écossais. “L’offre améliorée de Pearl présente une valeur supérieure à celle de Standard Life”, qui est de plus “mal conçue” et “risquée” pour les actionnaires, a affirmé dans un communiqué Pearl, qui avait déjà vertement critiqué ces derniers mois le mariage avec Friends Provident et refuse de se laisser damer le pion par l’Ecossais. “Nous espérons entrer en discussions avec le conseil d’administration de Resolution afin d’obtenir qu’il recommande notre offre améliorée”, bien qu’il vienne tout juste de se prononcer en faveur de Standard Life, a ajouté Pearl. Des analystes ont jugé que cette manoeuvre allait sans doute contraindre Standard Life à relever son offre. “Mon instinct me dit que cela va forcer Standard Life à offrir plus, car ne pas obtenir Resolution serait beaucoup plus grave”, a souligné l’un deux, sous le couvert de l’anonymat. Standard Life s’est dit confiant sur la valeur de son offre, tandis que Resolution a conseillé à ses actionnaires de ne prendre aucune décision en réaction à la proposition de Pearl. Resolution avait rejeté la semaine dernière une précédente offre ferme d’acquisition de Pearl Group, de 691 pence par action, également en numéraire, jugeant qu’elle le sous-évaluait. Quelle que soit son issue, cette bataille d’offres constitue en tout cas un nouvel épisode de la course mondiale aux fusions et acquisitions, qui a déjà conduit à de nombreuses opérations de rachat d’envergure dans le secteur bancaire et les assurances. Le groupe français Axa a racheté en juin la compagnie Winterthur à Credit Suisse pour 8,9 milliards d’euros. Et ce mois-ci, un consortium de banques mené par la britannique Royal Bank of Scotland a réussi le plus important rachat de l’histoire du secteur bancaire, en s’emparant de l’établissement néerlandais ABN Amro pour 71 milliards d’euros. |
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