[28/10/2007 06:36:19] PARIS (AFP) Les objectifs ambitieux fixés par le Grenelle de l’environnement en matière d’économie d’énergie dans le bâtiment vont gonfler les carnets de commandes des professionnels du secteur mais ils vont devoir se former et trouver des bras. Alors que le bâtiment absorbe près de la moitié de la consommation d’énergie en France, de nouvelles règles thermiques doivent permettre de faire baisser la consommation à 50 kwh par m2 et par an dans le neuf. La moyenne est aujourd’hui de 240 kwh/m2/an, ancien et neuf confondu. Dans l’ancien, les bâtiments publics devront engager une rénovation thermique d’ici 2015 et crédits d’impôts et prêts bonifiés doivent inciter les particuliers à faire des travaux. Selon la fédération française du bâtiment (FFB), rénover l’ancien représente un marché potentiel de l’ordre de 1.200 milliards d’euros, dont 600 à 800 milliards pour les logements, soit l’équivalent de dix à quinze ans de chiffre d’affaires annuel pour le secteur. Appliquer les objectifs du Grenelle au marché du neuf représenterait un marché supplémentaire de 6 à 10 milliards d’euros par an. “Ce marché est tellement énorme que tout le monde va s’y engouffrer”, relève Christian Baffy, président de la FFB. Reste que les professionnels devront se former car la physionomie du métier va changer. “Il va falloir que les artisans s’adaptent à une nouvelle conception du bâtiment, qu’ils soient capables, quel que soit leur métier, d’évaluer toutes les perditions thermiques d’un bâtiment avant de faire quoi que ce soit pour ne pas amener un client à faire n’importe quoi”, note Jean-Marie Carton, représentant de la Capeb (artisans du bâtiment) au Grenelle. “Nos métiers vont considérablement évoluer. Jusqu’ici, on était peintre, menuisier, chauffagiste. Désormais, il va falloir que l’entrepreneur ait une dimension d’ensemblier”, souligne de son côté M. Baffy, assurant que tous les organismes dépendant de la FFB sont “en ordre de marche” pour dispenser des formations. “Aura-t-on les moyens de financer la formation?” s’interroge, plus pessimiste, M. Carton, chiffrant le coût entre 100 et 150 millions d’euros. En terme d’emplois, le secteur va devoir doubler ses effectifs d’ici à 2020 et embaucher 100.000 personnes de plus que les 100.000 qui le seront grâce au rythme de création d’emplois actuel dans la filière, dans les cinq ans qui viennent. “Nous sommes moins inquiets sur le recrutement”, indique M. Carton, “si nous sommes assez intelligents pour mettre le développement durable au centre, les jeunes seront beaucoup plus sensibles”. “De plus en plus de jeunes viennent chez nous, non plus par défaut mais par choix. Il va falloir continuer nos efforts mais l’objectif est tenable”, assure M. Baffy. Par ailleurs, le plus gros marché étant dans la rénovation, une des questions essentielles pour les professionnels sera la solvabilité des clients. “Il va falloir convaincre l’ensemble de la population de faire un effort. Rénover permet de réduire les charges mais il faut investir. Il faut encore innover en terme de financement”, note M. Carton. Selon lui, rendre performante une maison de 120 m2 construite au début des années 1980 coûte 25.000 euros, soit près de quatre fois plus que le montant actuel des travaux effectués par les ménages. Une facture salée qu’il met sur le dos des industriels. “En Autriche, une maison performante coûte 3 à 5% plus cher qu’une maison standard contre 10 à 15% en France. Le surcoût est dû aux matériaux”, note-t-il craignant que les industriels ne jouent pas le jeu. |
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