[28/10/2007 07:14:25] BUENOS AIRES (AFP) L’Argentine, qui se choisit un nouveau président dimanche, est sortie de l’enfer après la débâcle de 2001-2002, et affiche une croissance insolente, même si son économie reste fragilisée par l’inflation et de la faiblesse de l’investissement. “Le problème du futur gouvernement porte un nom: le double i, pour inflation forte et investissements faibles”, a résumé pour l’AFP, Ricardo Delgado, coordinateur d’Ecolatina, un cabinet de consultants économiques. L’Argentine a renoué avec la croissance, accumulant depuis 2003 quelque 45% de hausse de son Produit intérieur brut (PIB), remis de l’ordre dans ses finances publiques en s’assurant un excédent budgétaire primaire supérieur à 3% et repris le paiement de sa dette extérieure de 81,8 milliards de dollars après avoir déclaré le plus important déficit de l’histoire. Le chômage est passé cette année sous la barre des 10% après avoir dépassé les 20% au plus fort de la crise et la pauvreté qui touchait encore plus de la moitié des Argentins en 2002, n’en touche désormais “plus” que 30%. Cette prospérité retrouvée, l’Argentine la doit en grande partie au boom des matières premières agricoles (soja, maïs, blé) dont ce pays est l’un des principaux producteurs mondiaux. L’excédent commercial, bien qu’en baisse de 22% par rapport à la même période que l’an dernier, a dépassé les cinq milliards de dollars entre janvier et août 2007. Surtout, il permet au gouvernement grace à des taxes élevées à l’exportation de produits agricoles, essentiellement le soja, de financer les millions de dollars de subsides qu’ils versent en faveur des plus démunis. Cette croissance a néanmoins un coût, l’inflation qui a fait son retour en Argentine à partir de 2005. La plupart des économistes privés estiment qu’elle atteindra cette année entre 15% et 20%, et probablement autant l’an prochain, quand le gouvernement la situe autour de 10%. La croissance va probablement se ralentir, selon Ricardo Delgado, pour atteindre 6,3% contre les quelque 8,5% prévus cette année. Mais cette décélération ne suffira pas à faire baisser l’inflation dans une économie où la demande dépasse largement l’offre, selon cet économiste. Or, il existe clairement un niveau d’inflation à partir duquel les investissements s’arrêtent, selon Juan Luis Bour, économiste en chef de la Fondation de recherches économiques latino-américaines (Fiel), même si ce chiffre, qui pourrait être de 20%, n’est pas facilement identifiable. L’investissement est pourtant l’autre défi majeur du gouvernement à venir, s’il veut assurer au pays une croissance durable sans risque de spirale inflationniste, selon les experts. Mais pour cela, il sera indispensable de rétablir la confiance des investisseurs, sérieusement malmenés par la politique de confrontation menée par le président actuel Nestor Kirchner. “Le nouveau gouvernement devra donner des signes clairs”, souligne ainsi Ricardo Delgado. L’un de ces signes pourrait être la conclusion rapide d’un accord avec le Club de Paris pour le remboursement de la dette argentine de 6,5 milliards de dollars à l’égard de cet organisme regroupant les créanciers publics de Buenos Aires. Ces derniers estiment également indispensable un retour à la sincérité des prix, notamment en matière de transport et d’énergie où ces derniers sont bloqués depuis 2003. La pénurie énergétique, qui a surtout pénalisé la grande industrie pendant l’hiver austral, est en partie le résultat de cette politique de prix qui a découragé l’investissement. |
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