En plein boom économique, le Vietnam s’inquiète pour son inflation

 
 
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Vendeuse de poissons dans un marché à Hanoï (Photo : Hoang Dinh Nam)

[28/10/2007 07:22:24] HANOI (AFP) Le Vietnam surfe sur une croissance de plus de 8% qui aiguise l’appétit des investisseurs étrangers, mais ce succès économique a un coût pour les ménages, qui tous les jours doivent débourser un peu plus pour acheter des produits de base comme le riz.

Selon le bureau général des statistiques (GSO), l’inflation a atteint 9,34% en octobre sur un an, après 8,8% en septembre.

La hausse des prix à la consommation préoccupe depuis plusieurs mois déjà Hanoï, qui s’est fixé comme objectif de contenir l’inflation sous le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB). Une croissance économique qui s’est elle élevée à 8,16% sur les neuf premiers mois de l’année.

Mais les mises en garde se sont multipliées cette semaine, alors que l’Assemblée nationale s’est emparé du dossier.

“Nous échouerons si les prix à la consommation atteignent un niveau extrêmement élevé, même si nous obtenons une forte croissance économique”, a déclaré en début de semaine le vice-Premier ministre Nguyen Sinh Hung.

“Nous voulons une croissance économique plus importante et un taux d’inflation plus bas”, a renchéri vendredi le Premier ministre, Nguyen Tan Dung.

Les prix alimentaires, qui représentent plus de 40% du panier de biens sur lequel l’indice est calculé, ont augmenté de 13,94% en octobre. A eux seuls, le riz et autres grains se sont renchéris de 15,98%.

“Les prix mondiaux du riz sont élevés et le resteront aussi longtemps que les prix du pétrole seront élevés parce que les agriculteurs ont besoin d’acheter des engrais et les engrais sont un dérivé du gaz naturel”, dont le prix a lui-même tendance à suivre celui du pétrole, explique Jonathan Pincus, économiste au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Le Vietnam, membre depuis janvier de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’ouvre et “il est davantage exposé aux chocs externes comme la hausse des prix du pétrole”, renchérit Dao Viet Dung, à la Banque asiatique de développement (BAD).

Cet autre expert met aussi l’accent sur la fièvre immobilière actuelle, qui pèse sur les prix des matériaux de construction, en hausse de 11,72% en octobre.

“Le Vietnam est en plein boom, la construction des maisons, des bureaux, des infrastructures exerce une pression à la hausse sur les prix de l’acier, du ciment”, estime-t-il.

La pression est encore renforcée par l’afflux d’investissements directs étrangers (près de 8,3 milliards de dollars, ou 5,8 milliards d’euros, sur les neuf premiers mois de l’année) et l’explosion du crédit (+25% en 2006 et +35% vers la mi-2007, selon la Banque mondiale).

La situation ne dérape pas encore, mais “ce n’est pas bon pour les pauvres du tout et c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles le gouvernement tente tellement de maintenir l’inflation sous contrôle”, estime M. Pincus.

“Pour les investisseurs, il n’y a pas de problème immédiat”, mais ils peuvent finir par “s’inquiéter de la compétitivité du Vietnam”, en particulier du renchérissement du coût du travail, poursuit-il. “Si l’inflation monte, les gens vont demander des salaires plus élevés, c’est naturel”.

“Le gouvernement a déjà fait des efforts pour freiner l’inflation”, reconnaît Dao Viet Dung.

Des obligations ont été vendues pour tenter d’éponger la masse monétaire en circulation. Hanoï a aussi augmenté les obligations de réserves des banques pour limiter le crédit.

Mais, estime Jonathan Pincus, il faudrait aller plus loin et augmenter les taux d’intérêts pour encourager encore l’épargne.

Et dévaluer la monnaie nationale, le dong, dont le cours est fixé par la Banque centrale, pour aussi donner un coup de pouce aux exportations d’un pays dont le déficit commercial est estimé à un niveau record de 8,9 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros) sur les dix premiers mois de l’année.

 28/10/2007 07:22:24 – © 2007 AFP