[28/10/2007 08:14:08] HARARE (AFP) Les coupures de courant, de plus en plus fréquentes au Zimbabwe, aggravent l’effondrement de la production et risquent d’annihiler les efforts du gouvernement pour sortir le pays du marasme économique. “A cause des coupures d’électricité, nous perdons tout”, estime John Robertson, un économiste indépendant d’Harare interrogé par l’AFP. “Le temps de la production est révolu, et les revenus d’exportation sont perdus. Maintenant nous importons à peu près tout”, poursuit-il. Dans les zones industrielles déjà affectées par le manque de devises étrangères et les pénuries de pièces détachées, il est fréquent de voir des ouvriers attendre à l’extérieur de leur usine le retour de l’électricité. Faute de courant, “certaines entreprises sont restées fermées pendant quatre jours la semaine dernière, tandis que d’autres fonctionnaient en dents de scie”, confirme Calisto Jokonya, président de la Confédération des industries du Zimbabwe. “Oui, il y a des coupures d’électricité”, reconnaît Obert Nyatanga, porte-parole de l’Autorité de fourniture d’électricité du Zimbabwe (ZESA), qui admet ne couvrir que “55 % de la demande, en comptant les importations”. “Nous espérons que la situation s’améliorera, mais nous ne pouvons rien prévoir parce que nous approchons de la saison des pluies, souvent source de problèmes”. Selon lui, les coupures sont dues “au vandalisme et aux voleurs de câbles”. Mais la situation a empiré il y a trois semaines à cause des factures impayées du Zimbabwe auprès de ses voisins exportateurs d’énergie. Le Mozambique a réduit son approvisionnement en électricité de 300 à 195 mégawatts à cause d’une dette de 35 millions de dollars américains. M. Nyatanga assure que la note a été réglée, mais selon un responsable gouvernemental, qui a refusé d’être cité, seuls 20 millions de dollars ont été payés. Pour Doug Verden, directeur général de la chambre des Mines, la crise énergétique a “un effet multiplicateur sur le reste de l’industrie”. A cause des coupures de courant, le secteur minier, qui reste la principale source de devises étrangères du pays, ne tourne qu’à 30-50% de sa capacité. Et 16 compagnies minières ont décidé d’importer elles-mêmes leur électricité. La principale compagnie téléphonique du pays, TelOne, regrette également les effets des délestages intempestifs. “Certaines zones n’ont pas d’électricité pendant 24 heures, et d’autres n’en ont que huit heures par jour”, note-t-elle dans un communiqué. “Quand il y a des coupures, nous fonctionnons normalement grâce à des générateurs au diesel. Mais récemment, il n’y a pas eu d’approvisionnement régulier en diesel et on a dû couper certaines communications jusqu’au retour de l’électricité”. Ces pannes de courant ne suffisent cependant pas à expliquer l’effondrement de la production au Zimbabwe, qui s’enfonce depuis huit ans, dans une récession caractérisée notamment par une hyperinflation de 8.000%, un chômage de 80% et d’importantes pénuries. Le gouverneur de la Banque centrale, Gideon Gono, a reconnu cette semaine que la décision du gouvernement, en juin, d’imposer un gel des prix, avait conduit à “l’anarchie”. Plusieurs usines, s’estimant incapables de couvrir leurs coûts, ont en effet arrêté de produire. Le chef de la Banque centrale a promis que des nouvelles mesures, plus respectueuses des producteurs, allaient permettre un retour à la normale. “Malheureusement, tous les programmes du gouvernement qui visent à revitaliser l’économie, n’auront aucun succès à cause des problèmes d’électricité”, craint David Mupamhadzi, économiste en chef du groupe Zimbabwe Allied Banking. |
||
|