En Afrique, les entreprises chinoises veulent faire des affaires

 
 
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Des chinois sur un chantier à Alger (Photo : Fayez Nureldine)

[28/10/2007 08:44:25] PEKIN (AFP) L’époque n’est plus où l’idéologie guidait en Chine les décisions économiques: si les compagnies chinoises vont en Afrique c’est vraiment pour y faire des affaires, soulignent des experts.

Aujourd’hui, “les compagnies chinoises raisonnent comme des entités économiques et font très attention aux retombées” de leurs investissements, estime ainsi Barry Sautman, un spécialiste des relations sino-africaines de la Hong Kong University of Science and Technology.

“Elle ne sont pas poussées par des ordres politiques, mais au contraire par les opportunités économiques”, ajoute-t-il.

Pour l’analyste, la banque chinoise ICBC, la première du pays, vient d’en faire la démonstration en décidant d’investir dans la sud-africaine Standard Bank: “ce sont bien les considérations économiques”, affirme-t-il, qui ont motivé son investissement exceptionnel dans la Standard Bank, le plus important à ce jour d’une société chinoise à l’étranger.

Industrial and Commercial Bank of China a annoncé vendredi qu’elle allait acquérir 20% de l’établissement sud-africain, pour 5,46 milliards de dollars.

Deux raisons principales semblent avoir déterminé ce choix: le désir de la banque chinoise d’accroître son expansion à l’international et celui de suivre ses clients, de plus en plus nombreux, implantés en Afrique.

“Petites ou grosses, les sociétés clientes d’ICBC ont beaucoup d’investissements en Afrique. C’est donc bien d’y prendre pied”, dit Yukkei Lee, un analyste de Core Pacific Yamaichi à Hong Kong.

Mais David Marshall, un analyste de Fitch Ratings également basé dans l’ancienne colonie britannique, relativise : “en Chine, il est quasiment impossible de séparer pour de bon les intérêts commerciaux des décisions économiques.

“Les liens entre les grandes entreprises publiques et le gouvernement sont trop étroits. En fait elles sont dirigées par des membres importants du parti”, souligne-t-il.

Des personnalités chinoises reconnaissent qu’objectifs politiques et économiques sont fort mêlés: “l’Histoire a montré que l’Afrique a besoin de nous comme nous avons besoin d’elle”, dit Jiang Zhongjin, professeur du Centre d’Etudes sur l’Afrique de l’Université de Nankin.

“Le principe qui nous guide est de prendre garde à ne pas heurter les intérêts de chacun et laisser les deux parties faire de l’argent”, affirme-t-il.

En Afrique, la Chine voit aussi l’occasion d’investir un peu de sa jeune prospérité, reflétée dans l’énormité de ses réserves de change, de plus de 1.400 milliards de dollars désormais.

Une telle somme “est une charge pour un pays qui cherche des solutions” d’investissements, déclare Jean-Marie Cishahayo, un consultant de Shanghai.

De son côté, l’Afrique qui connaît une certaine expansion grâce à ses matières premières, bénéficie de l’appétit chinois, arguent des universitaires du géant asiatique.

“Les pays occidentaux avaient tendance à apporter des financements aux agences gouvernementales africaines, avec tous les risques de détournement et corruption que cela comportait. L’investissement chinois lui est direct et sûrement porteur de meilleurs résultats”, estime Zhang Yongpeng, de l’Académie des Sciences Sociales de Chine.

“Les Africains se plaignent parfois de la concurrence des commerçants chinois mais les mêmes appellent à toujours plus de capitaux chinois pour l’Afrique”, dit Barry Sautman.

 28/10/2007 08:44:25 – © 2007 AFP