[29/10/2007 14:58:17] PARIS (AFP) Rien ne semble pour l’instant capable d’enrayer la spirale haussière de l’euro, condamnée au rôle de variable d’ajustement des déséquilibres économiques mondiaux, ni celle du pétrole, entre spéculations et tensions sur le marché physique. L’euro est monté jusqu’à 1,4438 dollar lundi, un prix jamais atteint depuis sa création en 1999. Et la monnaie unique a toutes les raisons de continuer à s’apprécier face à un billet vert en berne. L’économie américaine est confrontée au retournement de son marché immobilier et la Réserve fédérale devrait encore baisser ses taux directeurs de 25 points de base mercredi, après 50 points en septembre. Parallèlement, Pékin refuse toujours de laisser sa monnaie s’apprécier suffisamment pour refléter sa spectaculaire croissance et ses énormes réserves de change. Le yen reste lui aussi plombé par des taux intérêt extrêmement bas (0,5%) et une économie encore convalescente. Les autorités japonaises sont en outre accusées tacitement par l’Europe d’encourager la faiblesse du yen pour doper les exportations nippones. De plus dans la zone euro, la Banque centrale européenne n’a pour le moment aucune intention de baisser ses taux: “on a une accélération de l’inflation qui sera au minimum de 2,3% voire 2,4% au mois d’octobre dans la zone euro. La BCE peut pas faire grand chose”, estime Olivier Gasnier, économiste de la Société Générale. En outre, les Européens restent divisés sur les changes: les Français et les Italiens, dont les exportations souffrent, jugent l’euro surévalué mais les Allemands, qui jouissent d’un confortable excédent commercial, se refusent à attaquer la monnaie unique. Dans ce contexte, seuls l’euro, la livre sterling, et d’autres monnaies comme le won coréen, jouent le rôle de variable d’ajustement à la hausse, sans fin de cette tendance en vue. Même chose du côté du pétrole: le baril de brut vole de records en records. Il a dépassé il y a dix jours le seuil de 90 dollars pour la première fois, un mois seulement après celui des 80 dollars. Il se dirige maintenant à grande vitesse vers la barre symbolique des 100 dollars, soit des plus hauts niveaux historiques en termes réels. “Les marchés aiment les chiffres ronds, alors ils vont pousser pour passer ce niveau”, juge Olivier Gasnier. La faiblesse du dollar, monnaie d’échange du pétrole, contribue à cette spirale inflationniste puisque les producteurs, pour préserver leur pouvoir d’achat, exigent des prix supérieurs à mesure que le billet vert faiblit. Pour Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, c’est l’abondance de capitaux en quête de placement dans le monde qui alimente la flambée pétrolière. “Avec la crise sur le marché hypothécaire aux Etats-Unis, il y a des capitaux qui cherchent à se placer ailleurs. Or le dollar chute, la Bourse ne va pas très bien. Le pétrole offre un placement parfait”, explique-t-il, ajoutant que le marché pétrolier est par conséquent “dominé par les financiers”, les hedge funds notamment. Mais si Olivier Gasnier reconnaît le facteur “marchés”, il estime que le niveau des prix du pétrole n’est pas anormal par rapport au rythme de la croissance mondiale, Chine et Inde en tête. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui tient son troisième sommet de chefs d’Etats les 17 et 18 novembre à Ryad, ne parle en tout cas pas d’augmenter à nouveau sa production après la hausse d’un demi-million de barils par jour qui entre en vigueur le 1er novembre. Elle ignore ainsi l’Agence internationale de l’Energie, qui affirme qu’en ouvrant plus grand ses vannes, l’Opep calmerait la nervosité du marché. |
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