[30/10/2007 08:31:57] PARIS (AFP) L’équipementier en télécoms Alcatel-Lucent, pris dans ses déboires financiers, va prendre des mesures de restructuration avec suppressions d’emplois à la clé pour la seconde fois depuis le début de l’année, alors que la présence de Patricia Russo à la tête du groupe est fragile. La directrice générale doit présenter mardi en conseil d’administration un “plan d’urgence” qui devrait comporter de nouvelles suppressions d’emplois qui, selon plusieurs sources, pourraient concerner entre 5.000 à 30.000 postes. Ces nouvelles mesures s’ajouteraient à celles déjà décidées en février, quelques semaines seulement après la fusion en décembre entre le français Alcatel et l’américain Lucent. Le groupe avait alors revu à la hausse le nombre de suppressions d’emplois à 12.500 (dont 1.468 pour la France), contre 9.000 auparavant (au moment de la discussion des modalités de la fusion). Ce programme s’inscrivait dans le cadre d’un plan d’économies de 1,7 milliard d’euros sur trois ans. Ces nouvelles mesures devraient être officialisées mercredi lors de la publication des résultats du troisième trimestre du groupe. Une dernière chance pour Mme Russo dont le départ est ouvertement envisagé par certains analystes qui lui reprochent son manque d’anticipation sur les difficultés du groupe. Un reproche également adressé à Serge Tchuruk, président du conseil d’administration du groupe. La nouvelle entité a enregistré le 13 septembre son troisième avertissement sur résultats en un an. En Bourse, le titre a perdu près de 40% de sa valeur depuis le début de l’année. Alcatel-Lucent n’est toutefois pas le seul équipementier à connaître cette situation.
Son concurrent suédois Ericsson, lui aussi victime de ventes décevantes dans le secteur de la téléphonie mobile et d’une concurrence féroce de la part des chinois notamment, a également revu à la baisse ses prévisions de bénéfice. Une annonce immédiatement suivie d’une dégringolade du titre en Bourse. Mme Russo a averti que de nouvelles réductions d’effectifs étaient “possibles”, tout en soulignant qu’elles auraient lieu le cas échéant “dans les régions où cela sera nécessaire”. Cette précision pourrait indiquer que le continent américain serait le premier visé par ces nouvelles coupes. C’est en effet sur ce marché que Alcatel-Lucent rencontre le plus de difficultés, en raison du ralentissement des investissements des opérateurs de téléphonie mobile. La France devrait donc être moins touchée, d’autant que le dossier est suivi de près par le gouvernement, qui a fait part de son inquiétude lors de plusieurs rencontres avec la direction et les syndicats du groupe. Les syndicats (CGT, CFTC, CFDT) d’Alcatel-Lucent, qui ont réussi une forte mobilisation lors du précédent plan, se disent prêts à un nouveau bras de fer. En attendant, ils ont appelé à un “débrayage d’une heure” mercredi. Pour la CGT, Mme Russo et M. Tchuruk “refusent d’admettre leur incapacité à diriger cette entreprise qu’ils pilotent à vue à coup de décisions contradictoires, sans ligne stratégique claire et cohérente si ce n’est une volonté farouche de délocaliser, qu’elles qu’en soient les répercussions sociales ou technologiques”. “Le +rêve+ américain s’est révélé être un fiasco cinglant que les dirigeants incompétents veulent faire payer aux salariés”, ajoutent-ils. |
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