[30/10/2007 09:55:47] DUBAI (AFP) Mettant leurs menaces à exécution, les autorités des Emirats arabes unis s’apprêtaient mardi à expulser 4.000 ouvriers étrangers accusés d’avoir commis des actes de vandalisme lors d’un mouvement social samedi dans l’émirat de Dubaï, selon un responsable cité par un journal local. Le quotidien de Dubaï Emarat Al Youm cite mardi un haut responsable du ministère du Travail, Houmaïd ben Dimas, selon lequel le gouvernement a décidé de procéder à “l’expulsion de 4.000 travailleurs qui se sont mis en grève et ont commis des actes de vandalisme” samedi près de la zone industrielle de Jebel Ali (sud-ouest de Dubaï). “Les organismes compétents ont été contactés pour appliquer les mesures nécessaires”, a-t-il poursuivi. Il n’a pas fourni le moindre détail sur la date à laquelle ces expulsions débuteraient et sur la nationalité des ouvriers affectés. Selon un rapport publié en mars par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW), la plupart des quelque 700.000 ouvriers travaillant aux Emirats arabes unis dans le secteur de la construction sont originaires d’Asie du sud, principalement d’Inde, Pakistan et Bangladesh. Le bâtiment connaît un essor prodigieux aux Emirats, comme dans toutes les monarchies du Golfe, où la manne des recettes pétrolières finance des projets immobiliers et touristiques souvent gigantesques, notamment à Dubaï. La main d’oeuvre est composée à 95% d’étrangers, en majorité des Asiatiques, aux Emirats, pays où les autochtones ne représentent qu’environ 20% des quelque 4 millions d’habitants. Les premiers mouvements sociaux sont apparus ces deux dernières années aux Emirats, où, comme ailleurs dans le Golfe, le droit de grève et le droit de manifester sont interdit. Une grève sur le site de construction de Burj Dubaï, devenue en juillet dernier la plus haute tour du monde, avait donné lieu en mars 2006 à des actes de vandalisme, mais les incidents survenus samedi sont, selon les rares témoignages disponibles, de loin les plus graves et les plus violents jamais survenus à Dubaï et dans les Emirats. Les manifestants, au nombre de 4.000 ouvriers, avaient bloqué la principale artère menant à la zone industrielle de Jebel Ali, avant de jeter des pierres contre des voitures, dont 18 au moins avaient été sérieusement endommagées. La police avait dû dépêcher des forces anti-émeutes qui avaient eu recours à des canons à eau pour disperser les manifestants. Ceux-ci s’en étaient également pris à des voitures des forces de l’ordre. Selon la presse locale, les protestataires réclamaient une augmentation de leurs salaires, qui seraient compris actuellement entre 600 et 1.000 dirhams par mois (entre 146 et 272 dollars), un accroissement du nombre de bus pour se rendre sur leur lieux de travail, ainsi qu’une amélioration de leurs conditions de logement. Le ministère du Travail avait aussitôt qualifié le comportement des grévistes de “barbare” et laissé entendre que les responsables seraient expulsés et ne pourraient plus jamais revenir aux Emirats. M. ben Dimas avait affirmé lundi à l’AFP que ces ouvriers avaient “franchi une ligne rouge, ce que nous ne pouvons pas tolérer”. Confronté à l’émergence de grèves sauvages, qui lui avait valu de sévères critiques, le gouvernement émirati avait immédiatement réagi en prenant des mesures pour améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs étrangers. Les autorités ont ainsi déjà imposé des amendes totalisant plus de 100 millions de dollars aux employeurs refusant de payer ou payant avec retard les salaires de leurs ouvriers, le motif le plus répandu des grèves. |
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