[31/10/2007 15:57:21] BRUXELLES (AFP) Inflation au plus haut depuis deux ans et confiance en baisse des ménages et des entreprises: la Banque centrale européenne est confrontée à un sérieux dilemme pour décider du niveau des taux d’intérêt, au moment où sa consoeur américaine pourrait baisser les siens. Le rythme de hausse des prix dans les treize pays de la zone a fortement accéléré en octobre, à 2,6% sur un an, du jamais vu depuis deux ans, après 2,1% en septembre, selon une première estimation de l’Office statistique européen Eurostat publiée mercredi. L’inflation dépasse pour le deuxième mois consécutif la limite de 2% tolérée sur le moyen terme par la Banque centrale européenne (BCE). Parallèlement, l’indice de confiance économique dans la zone euro, qui résume l’opinion des chefs d’entreprise et des consommateurs, a baissé plus que prévu en octobre, selon une enquête de la Commission européenne. Il s’est établi à 105,9 points, contre 106,9 points en septembre, ce qui confirme la tendance à la détérioration de la conjoncture. Les signes de ralentissement se sont multipliés ces derniers temps, sous l’effet d’un prix du pétrole évoluant à des niveaux vertigineux, de l’impact de la crise immobilière aux Etats-Unis et de l’euro fort qui, s’il permet de limiter la facture énergétique libellée en dollars, pèse aussi sur les exportateurs. Ces trois facteurs, “ont mis fin pour l’instant au scénario attendu de croissance solide avec une inflation faible”, souligne l’économiste de Bank of America Holger Schmieding, qui les qualifie de “triple poisse”. Une inflation plus élevée associée au ralentissement de la conjoncture constituent “la plus mauvaise combinaison de données” pour la BCE, selon lui. “La détérioration du sentiment de confiance et une nouvelle pointe de l’inflation dans la zone euro en octobre créent un mix particulièrement peu appétissant pour la BCE”, qui tient le 8 novembre sa prochaine réunion mensuelle pour déterminer le niveau de ses taux d’intérêt directeurs, renchérit Howard Archer, économiste de l’institut Global Insight. L’accélération de l’inflation donne de nouveaux arguments à ceux qui en son sein plaident en faveur d’une nouvelle hausse des taux directeurs. Mais en même temps, alors que l’économie ralentit, un resserrement prématuré du coût du crédit serait risqué pour la croissance. L’Allemand Axel Weber, un des “faucons” au sein du conseil des gouverneurs de l’institut monétaire, a persisté à plaider indirectement mercredi pour la première solution, dans un entretien au Wall Street Journal Europe. Pour Jonathan Loynes, économiste de l’institut Capital Economics, “la porte reste ouverte pour une dernière hausse des taux d’intérêt”, alors que la BCE “est susceptible de mettre l’accent” sur l’inflation plutôt que sur la croissance. Mais la choix est d’autant plus délicat que sa consoeur américaine, la Réserve fédérale (Fed), pourrait décider mardi d’une nouvelle baisse des taux pour contrer les risques de ralentissement économique. Ce qui rendrait le dollar encore moins attractif et risquerait de doper encore a contrario le taux de change de l’euro. La Fed avait déjà abaissé d’un demi-point son taux directeur pour le ramener à 4,75% en septembre, alors que la BCE avait laissé son principal taux directeur inchangé à 4% en septembre comme en octobre. Pour Howard Archer, la BCE devrait résoudre pour l’instant ce dilemme en laissant son principal taux directeur inchangé à 4% “pour quelques temps encore”. |
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